Chroniques

« J’ai realisé qu’on vivait de ça! » — Entrevue avec Nicholas Buxton de Dry Cleaning

Il fait toujours soleil à Londres lorsque Nicholas Buxton apparaît sur mon écran en ce vendredi de mai. Rencontre pour faire le point après deux années folles, une tournée chargée et bien plus.

Tout a été très rapide pour les membres de Dry Cleaning. En 2018, le trio de Lewis Maynard, Tom Dowse et Nicholas Buxton convainc Florence Shaw de se joindre à eux en tant que frontwoman qui parle plus qu’elle ne chante. S’ensuivent deux EP en trois mois : Sweet Princess et Boundary Road Snacks and Drinks en 2019 leur donne déjà un rayonnement intéressant. 4AD ne perd pas de temps et signe la formation en 2020. Puis, en avril 2021, le groupe lance New Long Leg, son premier album, qui lui permet de connaître un succès planétaire.

Vivre le succès autrement

Quand je demande à Nicholas Buxton comment le groupe a vécu cette réception dithyrambique, il répond candidement : « c’est juste de la chance » qui est suivi d’un éclat de rire franc. « Je, et le reste du groupe, n’aurions pas pu imaginer ou demander plus. C’était un peu bizarre. Nous l’avons pris avec une pincée de sel, parce qu’on ne faisait rien. L’album est sorti et nous étions assis à la maison, toutes les entrevues étaient par Zoom. Ça nous a permis de garder les deux pieds sur terre. Personne ne s’est emporté. Parce qu’on reçoit de bonnes critiques, mais en même temps, c’est pas la fin du monde. »

Ce n’est peut-être pas seulement la pandémie qui a fait en sorte que les quatre membres de Dry Cleaning prennent le succès autrement. Ils ont tous passé la barre de la trentaine. Le groupe a même dû tenir une longue réunion quand les choses ont commencé à fonctionner pour décider s’il allait de l’avant ou s’il avortait l’aventure.

Dans la vingtaine, il est facile de s’enfler la tête avec la réussite et laisser son ego prendre le dessus. « Je suis beaucoup plus outillé pour accueillir et gérer ce succès. Je me connais vraiment mieux. » Ce n’est pas la même chose quand on a joué déjà dans plusieurs groupes qui n’ont pas duré dans le temps. C’est aussi plus facile d’être reconnaissant des succès. « Tout ceci a bien tourné pour nous. Je ne changerais rien. C’est sûr que j’aimerais qu’il n’y ait pas eu une pandémie, mais ces deux dernières années ont vraiment été bonnes pour nous et je ne peux pas me plaindre. »

L’autre chose intéressante qui est très intéressante dans la dynamique interne du groupe est la disparité d’expérience entre les membres. « Lewis, Tom et moi avons été dans de nombreux bands, mais c’est le premier de Flo(rence). C’est super intéressant et c’est très utile pour moi. Ça m’ouvre les yeux sur plein de choses que je tiens pour acquises et que je ne devrais pas. »

Faire de la musique pour les bonnes raisons

« La musique n’est pas un choix pour moi, ce n’est jamais quelque chose pour laquelle je me suis demandé : est-ce que je devrais ou non faire ça de ma vie ? Je le fais, c’est tout. » Buxton est conscient qu’il a souvent été naïf et a simplement continué son chemin alors que d’autres se seraient découragés. C’est cette approche ingénue qui a fait que pendant sa vingtaine, il jouait dans 6 groupes différents et ne se demandait pas où ça s’en allait. « Tu n’es jamais payé pour tous ces shows, tu le fais parce que t’aimes ça. Et quand t’es impliqué dans un projet et que tu te rends compte que certaines personnes ne le font pas simplement pour l’amour de jouer, ça devient rapidement bizarre. »

Ce nouveau succès qui permet aux membres de vivre de leur musique a beau être là, la prise de conscience a été plus longue que la réalité. « J’étais à Copenhague pour une journée de congé de tournée avec des amis artistes. Et j’ai réalisé que ça fait deux ans qu’on vit du groupe. » Buxton se rend compte en parlant que c’est un peu fou d’avoir vécu deux ans de temps du groupe pendant une pandémie mondiale alors que la plupart des musiciens ont vécu des moments difficiles.

La vie de tournée

Dry Cleaning ne badine pas avec la tournée. Lors de leur prochaine tournée en Amérique du Nord, la formation offrira 12 concerts en 14 jours. Nicholas Buxton m’explique qu’ils font la tournée en autocar ce qui leur permet de dormir entre les villes. Mais cela amène aussi cet effet un peu bizarre de se réveiller tous les jours dans une nouvelle ville. Le truc de l’Anglais est le jogging qui lui permet d’apprivoiser le décor et se garder l’esprit sain pendant la tournée. De plus, l’attitude semble un point de départ important pour mieux vivre avec la tournée: « …L’Amérique du Nord est immense. On ne peut pas s’attendre à du gros luxe pour cette tournée. Il faut simplement y aller et trouver des moyens de faire face à la situation. Ce n’est pas toujours facile, mais t’es aussi là à faire cette chose incroyable qu’est la vie de musicien. Ça s’égalise. J’arrive de tournée en Europe où j’ai visité une douzaine de villes que je n’avais jamais vues! Et ce sera la même chose avec la tournée américaine. »

Ce sera aussi le premier passage du groupe au Canada et pour Buxton, c’est une première qui le rend très heureux. « J’étais obsédé avec le Canada quand j’étais ado parce que j’étais un passionné de hockey sur glace. J’ai regardé, mais ce ne sera pas possible pour moi d’aller voir une partie des séries éliminatoires… »

Il n’y aura peut-être pas de hockey, mais il y aura certainement de la musique au cours de cette tournée de Dry Cleaning qui s’arrêtera par Montréal le vendredi 13 mai au Théâtre Fairmount.

Pour vous procurer des billets, c’est par ici.

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