Chroniques

Entrevue | Caroline Savoie : un peu plus elle-même à chaque album

Dans un café du Plateau-Mont-Royal, j’ai rejoint Caroline Savoie pour parler de son nouvel album à paraître le 14 mars : Rom-Com. Récit d’apprentissage, d’épanouissement et de fierté.

« C’était ma favorite affaire, parce que je pense que dans ma tête, je pensais que ça allait être plus… Ben, c’était compliqué au début, mais aussitôt, c’est plus instinctif que je le pensais, tu sais ce que je veux dire? Pour moi, ça, c’était scary au début. Puis là, finalement, j’ai tellement appris, j’ai adoré ça. »

C’est comme ça que Caroline Savoie parle de ses premiers pas sur Pro-Tools, le fameux logiciel de montage sonore. Parce que pour Rom-Com, son quatrième album en carrière, la Néo-Brunswickoise a décidé de faire la totale : écriture, composition, interprétation et réalisation. Dans une quête de création la plus authentique possible, elle sentait que la réalisation était la voie à prendre.

Se lancer dans le vide… mais avec un parachute

Si elle s’est aventurée dans l’inconnue, elle ne l’a pas fait sans garde-fou. Elle a d’abord fait appel à Salomé Leclerc, cette geek de studio, pour l’aider avec le côté technique et philosophique de la démarche. « J’avais plein de questions pour elle. Comment est-ce qu’elle travaille? À qui elle fait écouter les mix? Tu sais, j’ai vraiment posé toutes sortes de questions, même des questions stupides. Elle a tellement accueilli ça à bras ouverts. On est resté comme deux heures dans son studio juste à parler. Puis tu sais, moi, je l’admire beaucoup parce que, justement, elle assume souvent sa propre réal. Puis, quand tu entends Salomé. Elle me fait penser à Feist un peu. Ses albums sont différents les uns des autres, mais ça reste Salomé. Il me manquait ça, je trouvais, dans mes affaires. Comment est-ce que je fais en sorte que moi je sois capable de me distinguer à travers mon album ? »

En plus de l’aide de Salomé Leclerc, Caroline Savoie s’est entouré de gens qu’elle aime pour travailler l’album. Un heureux mix entre ses amis du Nouveau-Brunswick et ceux du Québec. On y retrouve Marco Gosselin qui est avec elle depuis deux albums, Donald O’Brien à la basse, Carl St-Louis à la batterie qui viennent tous du Québec. Puis, de l’Acadie, on retrouve Monica Oulette et Miguel Dumaine des Moontunes, puis Ben Morier qui a joué des instruments et qui étaient derrière la console. Lisa LeBlanc et Sylvie Boulianne ont ajouté des chœurs. Ce contexte était favorable pour donner confiance à Caroline Savoie qui se sentait soutenue : « Mais ça s’est super bien passé parce que finalement je me suis entourée de personnes de confiance. C’est la première fois que je fais un album juste avec des amis, du monde que je connais ça fait longtemps. »

De Bruits blancs à Rom-Com

C’est un album foncièrement différent qu’offre Caroline Savoie. Alors que Bruits blancs était un album plus sérieux, Rom-Com est beaucoup plus éclectique et dynamique. «…éclectique, il ne reste pas dans le même style, mais moi, je suis aussi comme ça. Je l’appelle mon album TDAH, parce que c’est de même dans ma brain all the time. »

Si Caroline Savoie avait envie de faire un album-concept, elle s’est donné une direction en se mettant des contraintes. Elle explique que ces contraintes lui permettent de créer, sinon, elle reste gelée face à la tâche devant elle. Cette fois-ci, sa contrainte était que les titres des chansons donnent un poème. Et c’est réussi. Si on prend les pièces dans l’ordre, ça donne :

Rappelle-moi encore
Il faut qu’on se parle
Loin, tu te chavires dans mon dos

Je te rappelle
Alors que tout explose ici
Quand même, je t’espère

L’album se déroule comme une comédie romantique et Caroline Savoie a puisé dans les histoires du passé pour créer une trame digne des films du genre qui ont marqué la fin des années 90 et le début 2000. « Oh my God, j’en ai tellement regardé, c’est too much… Moi, mon favorite, c’est How to Lose a Guy in 10 Days, je l’ai really beaucoup regardé. J’ai regardé Clueless. J’ai aussi regardé beaucoup des années 90, comme Notting Hill, et 10 Things I Hate About You. » Cela donne surtout une histoire qu’on peut suivre du début à la fin : « Avec cet album-là, je voulais essayer de mettre en valeur ma force du storytelling. J’ai essayé de faire l’histoire la plus cohérente que je pouvais. »

Des nouvelles avenues musicales

Il y a parmi les pièces qui surprennent, Je te rappelle, le premier morceau de l’album. On y entend un piano que Caroline Savoie a enregistré aux Îles-de-la-Madeleine et un enregistrement de gens dans une soirée. « Tu sais quand Hubert Lenoir a sorti son deuxième album, PICTURA DE IPSE? Puis il parlait de comment il avait commencé à enregistrer pleins de moments de la vie. Puis, je me suis dit :  »man, c’est très cool! Je vais faire ça moi aussi! » Et une soirée, j’étais un peu soule, j’étais à un bar qui s’appelle le IOB, c’est incroyable, c’est du karaoké. […]À un moment donné, il y avait plein d’amis qui étaient là. J’ai fait ma Hubert Lenoir. J’étais comme, je vais recorder. Je m’en assis dehors deux minutes, juste avec mon téléphone. C’est le seul enregistrement que j’ai fait de tout l’album. » Elle éclate de rire à raconter l’anecdote qui finalement s’est retrouvée sur l’album. On peut donc dire que Rappelle-moi est un peu un clin d’œil, sinon un hommage, à Hubert Lenoir.

Parmi les pièces qui se retrouvent sur Rom-Com, il y a aussi Il faut qu’on se parle qui avait d’abord été écrite dans une résidence d’écriture à Petite-Vallée et qui finalement était parfaitement aligné avec le thème de l’album. La finale est pleine d’espoir avec Je t’espère. Caroline Savoie n’y va pas de main morte : « Oui, celle-là, c’était ma toune de mariage. Celle-là, je l’ai écrite au début du processus. Je savais que ça allait finir l’album là. »

Acadie connexion

Il y a quelque chose qui a changé depuis une dizaine d’années. Alors que pendant longtemps, le seul salut pour avoir une carrière musicale était d’emménager à Montréal, les moyens de communication contemporains ont changé la donne de manière importante. Cela fait aussi en sorte que les artistes peuvent encore habiter par leur coin de pays et vivre de leur art. C’est le cas avec la ville de Québec qui a mis son empreinte indélébile sur la musique québécoise et c’est aussi vrai pour l’Acadie alors que des artistes comme Lise LeBlanc, P’tit Belliveau, Les Hay Babies et Caroline Savoie ont choisi de garder une bonne partie de leur vie chez eux et de passer parfois à Montréal.

Cela permet aussi de colorer la musique avec de nouveaux sons et des courants différents. Et les artistes acadiens ont bien l’intention d’être présent. Savoie me nomme Wilfred LeBouthiller qui est aujourd’hui sur le CA de la SOCAN et qui veille à ce que les droits des artistes soient respectés (il a de l’expérience en la matière, disons).

Le nouvel album de Caroline Savoie, Rom-Com, sera disponible le 14 mars prochain. Pour le précommandé / présauvé, c’est par ici. Elle fera un lancement peu orthodoxe au Cheval Blanc ce mardi 11 mars où il aura un quiz et des prix à gagner!

*Cet article a été rédigé en collaboration avec Simone Records.

Crédit photo: Camille Gladu-Drouin

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