Chroniques

Ambre Ciel | Entrevue : quand musique de chambre rencontre la chanson

Le 6 juin, Jessica Hébert présentera son premier album de son projet Ambre Ciel. J’ai rencontré l’autrice-compositrice-interprète pour discuter du surprenant still, there is the sea.

Ce qu’Ambre Ciel propose comme musique se démarque beaucoup de ses contemporains, en tout cas, certainement au Québec. Il y a peu de projets qui ressemblent à ce que Jessica Hébert crée. Ghostly Kisses est peut-être le seul qui vient en tête. Avec still, there is the sea, l’autrice-compositrice-interprète propose des textures sonores magnifiques portées notamment par des cordes et même un orchestre. « J’avais des frissons tout le long, je pleurais… C’était vraiment spécial d’entendre les arrangements jouer en direct par une vingtaine de personnes, je ne sais pas exactement combien ils étaient. Une chance qu’Owen était là pour dire : ‘Ok, il faudrait refaire cette take-là’, parce que moi j’avais juste zéro recul. J’étais juste comme… C’est vraiment spécial. »

Owen, c’est Owen Pallett qui est venu en renfort après une première série d’enregistrements avec Pietro Amato et des cordes. Pour certaines pièces, les premières versions fonctionnaient à merveille. Mais pour quelques chansons, Jessica Hébert avait en tête quelque chose de plus complexe qui nécessitait un orchestre plus nombreux. C’est pour cette raison qu’elle a fait signe à Owen Pallett. Iel travaille avec un orchestre en Macédoine du Nord. L’enregistrement s’est donc fait à distance. Malgré le filtre de l’écran, Ambre Ciel avait du mal à contenir son émotion. Avec raison, il s’agit de toute une démarche pour un premier album.

Un projet qui fait du chemin depuis les Francouvertes

Celle qui a fait la finale des Francouvertes en 2021, arrive avec un album différent de ce qui a été présenté à l’époque. Les pièces de still, there is the sea sont différentes de son EP Vague distance. Ce sont des compositions plus compactes qui font plus de place aux mots et aux mélodies vocales. « Je pense que tout ce qui a précédé était vraiment très exploratoire, très embryonnaire aussi, mais je pense qu’avec ce premier album-là, je voulais vraiment créer un album qui serait cohérent. J’étais vraiment intéressée par une cohérence aussi entre la musique instrumentale puis la chanson. Il y a certaines chansons qui ont une forme un peu plus atypique, par exemple Dream Mirage. C’est vraiment deux couplets, puis on tombe complètement dans l’instrumental. Ça devient vraiment un mirage. »

Les plus fins observateurs auront aussi remarqué que plusieurs titres de pièces sont en anglais. C’est que Jessica Hébert chante surtout dans cette langue sur still, there is the sea. Il y a une pièce dans la langue de Molière : Eau miroir. Ce n’était pas le plan dès le départ, mais c’est ainsi que les mots sont sortis. « Je pense que j’ai trouvé une liberté différente dans l’écriture. En français, vu que c’est vraiment ma langue première, aborder des thèmes personnels, je ne dis pas que j’aborde des thèmes personnels nécessairement, mais on dirait que l’anglais crée une distance. Puis, ça m’a aidée à utiliser des mots simples, si on veut, puis plus concrets et explorer des thèmes moins abstraits que, par exemple, dans le premier EP. »

Une artiste en confiance

On se souviendra qu’aux Francouvertes, Jessica Hébert, qui est plutôt de nature timide, ne cherchait pas la lumière. Au contraire, elle a joué tout au long du concours dans la semi-pénombre pour laisser toute la place possible à la musique. Avec la sortie de ce premier album, duquel elle est « très fière », avec raison, elle se retrouve un peu plus à l’avant-scène et ça lui va bien. « Daniel (Halsall, qui a travaillé sur la pochette) écoutait la musique, il regardait les différents visuels. On cherchait une pochette qui reflétait cette énergie dans l’album. C’est vraiment ça qui a aidé à la décision. »

Autre aspect important, l’album ne sort pas sous une maison de disque québécoise, mais bien anglaise. Et pas n’importe laquelle. Gondwana Records est la maison de disque de GoGo Penguin et Portico Quartet, pour ne nommer que ceux-là. C’est parce qu’elle est particulièrement éprise de la musique d’Hania Rani qu’elle a décidé de contacter la maison de disque. Matthew Halsall, le fondateur de la maison, l’a contacté et s’est entamé un processus qui a mené à la sortie de still, there is the sea.

« C’est rare, en fait, les labels qui sont autant établis, qui prennent des projets aussi émergents que le mien. Il y a un risque quand même, mais ce n’est pas un label qui est motivé par l’argent. C’est vraiment juste la musique qui les intéresse. Il y a une grande attention à la création : le choix de papier, c’est un vinyle en biovinyle, donc sans pétrole, puis dans le processus de manufacturer le vinyle, l’attention aux détails; c’est vraiment incroyable que ce genre de label existe encore aujourd’hui. Puis, c’est non-dynamique au UK parce qu’ils ne sont pas subventionnés. »

Un lancement au Jazz et une résidence en Angleterre

Le 30 juin prochain, Ambre Ciel lancera still, there is the sea, en plateau-double avec Mykalle dans le cadre du Festival International de Jazz de Montréal et c’est gratuit! C’est le moment de voir les pièces de l’album en concert parce que, par la suite, Jessica Hébert part pour une résidence de 6 mois en Angleterre au studio du Québec à Londres.

still, there is the sea sort le 6 juin

Concert au FIJM le 30 juin

Crédit photo: Lawrence Fafard

Inscription à l’infolettre

Ne manquez pas les dernières nouvelles!

Abonnez-vous à l’infolettre du Canal Auditif pour tout savoir de l’actualité musicale, découvrir vos nouveaux albums préférés et revivre les concerts de la veille.

Bloqueur de publicité détecté!

On a remarqué que vous utilisez un bloqueur de publicité. La publicité est un revenu important pour un média indépendant comme nous et nous permet de vous offrir du contenu gratuit de qualité. Est-ce que vous pouvez le désactiver? Ce serait bien apprécié!

- Merci, l'équipe du Canal Auditif