Chroniques

Les albums de The Jesus and Mary Chain classés du pire au meilleur

On classe les 7 albums de The Jesus and Mary Chain du pire au meilleur à la veille de la sortie de leur 8e album en carrière.

Ont participé à ce top : Anne-Josée Bédard, Stéphane Deslauriers, Stéphane Plante et Louis-Philippe Labrèche.

7. Damage and Joy (2017)

Paru 19 ans après Munki, Damage And Joy reste l’album que les fans n’attendaient plus. Dès les deux premières pièces, Amputation et The Two Of Us on remarque que les frangins tourmentés n’ont pas perdu la main. Même si on ne sait pas toujours éviter les formules patentées dans les suites d’accords, on a tout de même droit à un doucereux mélange de pop irrésistible et de ces sempiternelles guitares farouches dont on ne saurait se passer. Verdict? Aucun chamboulement à constater, mais ce serait bête de gâcher son plaisir et se priver d’écouter des chansons telles que Song for a Secret, Always Sad ou Get On Home. À chaque album, les gars de Jesus and Mary Chain ont de lourds souliers à chausser… les leurs!

6. Munki (1998)

Pas leur opus le plus marquant, il va sans dire. Mais Munki réserve tout de même quelques trésors enfouis ici et là (Moe Tucker, Birthday, Degenerate). Sur la pièce ironiquement nommée Commercial, on se la pète pendant 7 minutes à coup d’expérimentations tonitruantes en sabrant dans les conventions de structures de chansons. Drôle d’intrusions de cuivres dans la très engageante I Love Rock ‘n’ Roll. Force est de constater que malgré sa sixième place au palmarès, Munki n’a rien d’une catastrophe. Là où le beat blesse, c’est qu’on en arrive à soupçonner les frères de se parodier eux-mêmes par moment. Cracking Up aurait pu se retrouver sur Psychocandy sans détonner du reste. On entend que les gars veulent sortir de leur zone de confort avec Perfume mais ça reste exceptionnel dans l’ensemble.

5. Stoned & Dethroned (1994)

Encore une fois, Jim et William Reid décident de s’en tenir à une «tradition» qui consiste à démarrer le tout une ballade. La très jolie Dirty Water n’en est pas moins un brin écorchée. Même si l’acoustique prédomine. L’imprenable duo avec Hope Sandoval sur Sometimes Always résonne encore avec toute la fraîcheur du moment de sa sortie. Le parti pris pour les guitares acoustiques semble avoir enseveli les brûlots d’overdrive et de distos. Mais parfois au détour d’une progression d’accord ou d’un prérefrain, une saisissante vrille de fuzz surgit du néant. Comme dans Girlfriend. Sans doute le moins noisy du corpus de Jesus and Mary Chain, Stone and Dethroned, avec ses 17 chansons, n’aurait-il pas bénéficié d’un petit tri pour tasser des pièces les moins efficaces ou avec plus de redites?

4. Automatic (1989)

Peut-être le plus «machine à pitons» du groupe. Même la basse est programmée! Pour quelle raison? Rendu là, ça aurait été si compliqué de prendre une basse, une vraie, en studio? On va mettre sur le dos de la décennie qui s’achevait… Mais, nostalgie oblige, malgré des commentaires sévères, Automatic devance quelques albums venus après dans la carrière de Jesus and Mary Chain. Mais cet enrobage presque robotique fait perdre un peu de chaleur à l’ensemble. Ça n’enlève rien à cette bombe qu’est Head On – une chanson parfaite… Oui! PARFAITE! – à laquelle on n’oserait rien retoucher tant ton statut de classique indémodable n’est plus à prouver. D’ailleurs, la qualité mélodique des pièces elles-mêmes sauve souvent les orchestrations moins chaleureuses.

3. Darklands (1987)

Sur ce deuxième opus, le groupe a mis la pédale (de disto) douce dans les arrangements tonitruants qui faisaient sa réputation. Mais pas tant. Tout est une question de dosage. Les hymnes fredonnables à tout vent – que ce soit la pièce-titre ou Happy When It Rains, – restent fidèles au poste. Il manque peut-être l’énergie déferlante, à la limite juvénile, de Psychocandy. Happy When It Rains a des relents radiophoniques. Dans sa mouture directe, April Skies annonce déjà de quelle couleur sera Automatic le LP suivant. Comme un signe avant-coureur des rythmiques simplistes. Est-ce que le duo voulait s’aventurer du côté obscur de la pop mainstream? Peut-être que les frères Reid voulaient-ils prouver à la face du monde qu’ils parfaitement capables de pondre un joyau pop sans complexe.

2. Honey’s Dead (1992)

Début canon avec Reverence: «I wanna die just like JFK…» Le ton est donné pour une pleine dose de cynisme. Après la réalisation un tantinet frigide d’Automatic, on a droit sur Honey’s Dead à la totale en guise d’orchestration organique. Sans parler d’un virage à 180 degrés, ça s’entend que les frangins écossais veulent aller voir ailleurs. On incorpore avec parcimonie un certain groove, tout de même assez subtile, dans les rythmes. Far Gone And Out s’avère aussi dansante que bien des classiques du courant Madchester. I Can’T Get Enough patauge dans ces eaux-là aussi. On ne fera pas l’unanimité en le plaçant en deuxième place, mais une écoute approfondie (et répétée!) de Rollercoaster ou Almost Gold pourrait venir à bout des sceptiques.

1. Psychocandy (1985)

Pas le choix de hisser ce premier album de Jesus and Mary Chain au sommet de leur discographie. Ce n’est rien de moins que la pierre angulaire de tellement de courants subséquents de l’indie rock (sans Psychocandy, oubliez ça le shoegaze…). Sur le plan technique, ce n’est peut-être pas le plus réussi des frères Reid mais on ne passe pas à côté d’une telle plaque commémorative du noisy et de ses mélodies abrasives issues du chaos. Autant dans les ballades souffreteuses comme Just Like Honey ou dans les brûlots décapants à la Taste of Cindy, ce premier album a marqué son époque et marque encore la nôtre.Bref, près de 40 ans plus tard, on ne se tanne pas de ses imparables feedbacks assourdissants.

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