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Primeur : Gohertz — Le bruit du quotidien

Parfois nos collaborateurs font aussi des albums. On vous invite à découvrir l’univers surprenant de Philippe Desjardins, alias Gohertz, qui lance vendredi son premier album! En primeur, vous pouvez l’écouter d’ici sa sortie.

LP — Comment te sens-tu à la veille de lancer ton premier album?

Philippe — Particulièrement bien, quelque part entre le sentiment d’accomplissement et d’aboutissement, du travail bien fait dans les règles de l’art, et de la réalisation d’un rêve que j’ai fait il y a vingt ans. J’ai également un « enfin! » bien ressenti que je partage avec mes amis de longue date, parce qu’ils n’auront plus à me demander : quand est-ce que je sors mon premier album? (rires)

LP — As-tu utilisé des bruits de ton quotidien pour créer cet album ? Et comment?

Philippe — Oui, j’ai honoré le titre de l’album de façon littérale avec quelques bruits concrets que l’on entend tous les jours, ou du moins assez souvent pour qu’ils soient aussi familiers que le son d’un instrument de musique. Les autres bruits plus abstraits ont été générés avec des oscillateurs numériques.

Ça n’a pas été évident à faire, parce qu’un bruit n’a généralement pas plus de sens que la source qui le produit, et encore. Il faut prendre le temps d’écouter attentivement tout ce qui fait du bruit, et faire une sélection de ce qui sera enregistré, parce que tout n’est pas forcément intéressant ou saisissable pour le thème de l’album.

Un bon exemple est le butoir de porte à ressort dans Quand une machine brise le dimanche, qui se trouve également sur la couverture de l’album. Il y a une douzaine de vieux butoirs dans l’appartement parmi lesquels celui qui a été utilisé est le « meilleur », ce qui sous-entend qu’il a fallu éliminer les onze autres à travers une réflexion esthétique.

Je me suis retrouvé avec une liste de bruits, un « choix du compositeur », que j’ai écouté un nombre déraisonnable de fois, à la recherche de ceux qui résonnent le plus avec le thème. Heureusement, il y a des liens qui se sont créés intuitivement et spontanément comme si la matière première était faite pour jouer à tel moment dans telle composition.

LP — Parle-moi de la création de l’album? Quels ont été tes plus grands défis?

Philippe — L’album rassemble des maquettes composées durant le baccalauréat en musiques numériques, entre 2012 et 2016, avec des nouvelles maquettes composées durant l’été 2018. Le défi principal a été de niveler la qualité des premières maquettes avec les secondes, surtout en matière d’originalité sonore et d’articulation musicale.

Dans cet ordre d’idée, la majorité des sons ont été développés from scratch à partir d’une série de synthétiseurs numériques manufacturés par Arturia (V Collection). Ça prend plus de temps, mais ça permet d’obtenir un contrôle complet sur la palette de sons, et par extension sur l’identité sonore de l’album.

Le défi suivant a été d’intégrer les bruits aux bons endroits et aux bons moments, pour accentuer le contraste avec la synthèse sonore. C’est de cette façon que le cycle de tranche de pain bien grillée du grille-pain sert de cadre rythmique dans Train de vie, ou que l’infusion de cinq tasses de café de la cafetière sert de trame vaporeuse dans Pause à vapeur.

Ensuite, j’ai écrit les paroles un peu humoristiques de Ceci n’est pas un son, et enregistré ma voix grave en train de performer de la façon la plus neutre et sérieuse possible. Le titre est inspiré par la célèbre toile de René Magritte (Ceci n’est pas une pipe, 1929).

Les paroles de Le disque ont été un peu plus longues à gérer parce qu’elles sont montées à partir d’un dialogue entre les personnages de Galopet et Verbo dans un épisode de Les 100 Tours de Centour (1971). Ça a impliqué de libérer les droits de performance des deux comédiens auprès de l’UdA et de l’ADISQ, et les droits de la bande maîtresse auprès du télédiffuseur Télé-Québec. Heureusement, toutes les personnes impliquées ont accepté que j’utilise les échantillons, et permis de rendre hommage à André Montmorency et Julien Genay, et de valoriser le patrimoine télévisuel québécois.

Finalement, j’ai mixé l’album dans mon studio maison, et le compositeur Louis Dufort (Compagnie Marie Chouinard, AKOUSMA) a matricé la version finale pour qu’elle botte des culs sur toutes les plateformes numériques.

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