Spiritualized au Théâtre Corona le 13 avril 2019: Dans une galaxie près de chez vous
Grosse soirée néo-psychédélique, shoegaze et space-rock samedi soir au Corona!
Légendes du rock psychédélique, la formation anglaise originaire de Rugby était de retour en ville avec dans ses cartons, un huitième et nouveau disque paru l’an dernier, And Nothing Hurt (Fat Possum records). Excellente critique d’album de Stéphane Deslauriers en passant! L’ancien Spacemen 3 Jason Pierce qui a fondé le collectif en 1990 avec le bassiste du groupe, Will Carruthers, le batteur Jonny Mattock et aussi le guitariste Mark Refoy l’a joué dans sa quasi-totalité, ponctué bien sûr des immortelles du groupe. Et il y en a quelques-unes à n’en point douter.
Si pas moins de seize musiciens se sont succédé au sein du vaisseau tripatif au fil des ans, la composition de six musiciens et trois choristes gospel proposée dans l’actuelle tournée est en parfaite osmose avec les sonorités nouvelles, pas de cordes ni de cuivres ici. Mais au change on n’y perd pas.
L’entrée sur scène à 20h40 a donné lieu au rituel habituel, Pierce, bien à droite de la scène, assis de côté, dans la pénombre presque, a murmuré la douce Hold On avant que ne démarre en trombe Come Together, l’une des pièces maîtresses du désormais classique Ladies and Gentlemen We Are Floating in Space de 1997. Cadence syncopée, orchestration pleine, amplitude sonore idéale, l’émotion dégagée de ce petit bijou de chanson mêlé au kaléidoscope de couleurs des omniprésentes projections avait quelque chose de nirvanesque. Grand contentement en partant!
Puis, Shine a Light, avec cet écrin d’orgue et guitare slide ramenait à l’avant-plan la personnalité intimiste et écorché de Pierce, qui enchaîna avec Stay with Me, puis Soul on Fire tiré de l’album Songs in A&E, assorti encore une fois d’un visuel agencé de flammes. Rebelote avec She Kissed Me (It felt like a hit) de l’album Amazing Grace, puis la balade Broken Heart où l’on a pu apprécier le jeu à l’harmonica de John Coxon.
Sans crier gare, les chansons de And Nothing Hurt se sont magnifiquement incorporées aux plus vieilles, la valseuse A Perfect Miracle, I’m Your Man, autre ballade comme seul lui en est capable, Here it Comes, etc. Et le grand crescendo final avec Sail on Through qui a littéralement fait léviter l’auditoire, les bananes dans le visage étaient nombreuses!
Au rappel, Spiritualized a conclu le voyage intersidéral avec So Long You Pretty Thing, du disque Sweet Heart Sweet Light (2012), Out of Sight, extraite de Let It Come Down (2001) avant de clore la grande messe avec le classique Gospel et Spiritual (ized!) Oh! Happy Day, hymne par excellence popularisé par Mahalia Jackson. Tout à fait dans l’esprit du groupe, avouons-le!
Oui, les effets de boucles ont encore triomphé samedi dernier. Les trémolos aussi. Le tout sur fond de blues et de bonnes vibrations cosmiques. Rescapé de la maladie en 2005, Pierce a laissé entendre qu’il pourrait plier bagage pour de bon. Allez savoir. La perpétuelle remise en question est le propre de l’artiste. Mais pour l’heure, nous avons assisté à un grand concert d’une durée de deux heures. Pas chiches les british!