Critiques

Ty Segall + White Fence

Joy

  • Drag City
  • 2018
  • 30 minutes
7

Ah ! Le bon Ty Segall ! En début d’année, il a fait paraître l’excellent Freedom’s Goblin : une leçon de garage-pop-rock-psyché comme il s’en fait très peu. Depuis plus de 10 ans, le musicien tient à bout de bras la flamme vacillante du rock indépendant. Puisque Segall est un hyperactif, le rockeur a trouvé un moment dans sa vie pour s’associer avec Tim Presley (White Fence) afin de nous offrir un deuxième album en compagnie de son comparse.

Les deux amis nous proposent Joy qui n’est pas tout à fait dans la même lignée que son prédécesseur Hair, paru en 2012. Avec 15 chansons en 30 minutes, nos deux tripeux ne s’enfargent pas dans les fleurs du tapis. Cette nouvelle collaboration demeure toujours dans l’esprit des années 60, à cheval entre Syd Barrett et les Beatles. Dès les premières écoutes, vous aurez l’impression d’entendre une série de chansons mal fignolées, constamment interrompues par des cassures rythmiques. Puis, ce chaos prend forme au point où on ne sait plus qui fait quoi tant l’osmose entre les deux artistes fonctionnement parfaitement. Joy puise dans le meilleur d’un rock passéiste. Ce traditionalisme, dans les habiles mains de Segall et Presley, se transforme en quelque chose de curieusement moderne.

Après les fleurs, voilà le pot… Malgré la douce folie qui anime les deux acolytes, ce Joy ne contient pas la même fougue que Hair. Sur le premier effort, l’empreinte de Segall semblait un peu plus prononcée. Sans que ce soit monotone, les moments « expérimentaux », quelque peu bâclés, n’apportent rien de bourratif à ce disque, du moins créativement parlant. Rock Flute et Prettiest Dog sont carrément inutiles dans le contexte « beatlesque » de cette collaboration.

L’album débute avec des chants d’oiseaux (Beginning) et se conclut avec ces mêmes chants d’oiseaux dans My Friend; superbe pièce folk rock qui dévoile une facette à fleur de peau et moins givrée du duo. On se retrouve donc devant une sorte d’album sans fin qui pourra aisément tourner en boucle dans une soirée bien arrosée. Parmi les autres moments intéressants, il n’y a aucune raison de bouder son plaisir à l’écoute des Please Don’t Leave This Town, Body Behavior et Good Boy. Le « rock is dead » répété ad nauseam à la fin de Hey Joel, Where You Going With That ? est jouissif. L’intermède quasi punk Other Way brasse la baraque et le penchant déjanté de Tommy’s Place fait sourire.

Sur la pochette, on voit Ty Segall tenant fièrement dans ses bras un chien. À sa gauche, Tim Presley tient lui aussi un gros chat. Comme quoi chien et chat peuvent cohabiter et même s’entendre à merveille ! Ne serait-ce que pour prêter l’oreille à un bel hommage au rock lysergique des années 60, ce Joy en vaut la peine.

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