Critiques

Ben Howard

Noonday Dream

  • Island Records
  • 2018
  • 50 minutes
7

Depuis 2011, le Britannique Ben Howard, 31 ans, roule sa bosse à coup de guitares martelées et d’hymnes de vers d’oreilles rêveurs. Sur son premier projet Every Kingdomle musicien nous invitait dans un univers plus folk/pop. Tandis que sur I Forget Where We Where, l’ambiance était plutôt teintée d’un rock plus profond, lent, mais tout à fait gracieux.  Les cordes pincées à la guitare, les trémolos dans la voix et les textes recherchés ont fait de Howard probablement l’un des meilleurs artistes de la scène britannique actuelle, du moins dans le folk . Les nominations dans les galas sont tombées entre-temps. L’Anglais a remporté plusieurs Brit Awards, en plus d’une nomination au prestigieux Mercury Prize. Voilà que l’artiste arrive avec un tout nouveau disque titré Noonday Dream. Qu’en est-il, vous me direz ? Analyse.

Noonday Dream est une oeuvre complexe, intimiste, torturée et encore plus sombre que ses projets précédents. On est très loin des ballades retrouvées sur Every Kingdom. Honnêtement, cela ne rend pas le projet moins ingénieux. Bien au contraire. Cette nouvelle galette s’inscrit dans une catégorie un peu plus expérimentale du registre de Ben Howard. Ninca Libres at Dusk s’ouvre sur des motifs de guitare fiévreux et vaporeux.  On rappelle que cet instrument de prédilection occupe une place importante dans la démarche de l’artiste. Que ce soit en la jouant de côté ou en la posant à plat, Howard arrive à créer une ambiance bien à lui, plongeant l’auditeur dans un côté intemporel de ses chansons. Tandis que sur Towing the Line, on tombe dans un calme épuré où la voix du jeune trentenaire fait toute la différence. La pièce propose quelques moments d’introspection. Howard propose de marcher avec lui, on le suit et on l’écoute, sans hésiter. Un peu plus loin, on retrouve A Boat To An Island on The Wall. Ce fameux simple poignant paru un peu plus tôt avant la parution du disque. Chanson qui fricote avec un rock sombre, et ce, dès le refrain. Toute une signature, je dois vous avouer. Assurer une montée musicale avec cette guitare décortiquée en motifs paisibles, appropriés à un folk contemporain pour éventuellement se diriger vers un rock un peu plus caverneux n’est pas chose évidente. Howard arrive à le faire. Le tout est créatif, cohérent et très bien structuré.

Cela dit, Noonday Dream n’est pas parfait. What the Moon Does qui suit est un peu monotone et bancale. La chanson est jolie, mais a beaucoup de difficulté à décoller. Ces chemins de guitare ornés de quelques bidouillages électroniques au passage alourdissent le titre. On a tendance à lui accorder moins d’importance. Someone in the Doorway et The Defeat rejoignent sensiblement la même problématique. Cependant, Howard rectifie le tir assez rapidement avec l’enjouée There’s Your Man. L’instrumentation est plutôt dynamique, en plus de ne pas être déplaisante pour les oreilles. La piste scintille et détonne avec plusieurs couches musicales joyeuses. Bien joué.

Quoiqu’il est soit, il est important d’affirmer que cette proposition de l’artiste anglais demeure dans la logique habituelle. Ben Howard joue avec les atmosphères de ses chansons pour nous faire voir sa musique d’un autre oeil. Il incite tout bon auditeur à rester ouvert et à se démailloter le coeur, entortillé de laine d’acier, pour prendre part à cette toute nouvelle aventure qu’est Noonday Dream.

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