Debbie Tebbs est l’une des rares musiciennes à faire une électro-pop à l’européenne sur la scène montréalaise. Précédemment, elle avait fait paraître deux albums, dont Up! en 2014. Les compositions de Tebbs, bien que majoritairement musicales, avaient à date emprunté la langue de Shakespeare pour communiquer. Voici qu’un premier opus en français-s’il-vous plaît (Pierre-Karl, never forget) est disponible.

En soi, la langue change très peu la façon d’approcher la démarche de Tebbs. Par contre, on la voit prendre une voie beaucoup plus près de l’électro de Daft Punk sur Chrome. C’est dominé par des mélodies efficaces, des rythmes dansants, sans tomber dans la démesure et un électro facilement digestible et donc qui donne rapidement envie de se faire aller le popotin.

Fantôme est un bel exemple avec son refrain réussi, ses rythmes contagieux et ses sonorités synthétiques chaleureuses. Tebbs trouve le moyen de rendre ses sonorités artificielles étonnamment humaines. Même son de cloche du côté d’Analogie Synthétique et ses paroles qui portent une lourde critique chantée avec un calme et une douceur contradictoire :

Analogie synthétique élégante, je l’aperçois

Émotivité plastique sous son émoi

Analogie synthétique nonchalante, esprit étroit

Reine réflective du vide au regard froid

Aux communications éphémères

Aux idées insipides volontaires

— Analogie synthétique

Debbies Tebbs en profite aussi pour faire une collaboration avec Jacobus sur l’entraînante Dans les voiles. Le rythme efficace et presque agressif de la trame fait ressortir le meilleur de Jacobus qui envoie ses rimes avec une rapidité appréciable. La chanson-titre aussi se débrouille bien avec ses voix aériennes et sa cadence appliquée au marteau. La seule chose qu’on peut reprocher à Debbie Tebbs est de piger dans des talles maintes et maintes fois utilisées. Cet électro-pop dansant porte les marques de Daft Punk, Darude et quelques autres compositeurs d’électro qui tend vers la pop.

C’est une première aventure francophone très réussie pour Debbie Tebbs sur Chrome. Et soyons honnêtes, elle se débrouille très bien avec ses textes. Ce n’est pas un genre facile à travailler dans la langue de Molière et elle relève le défi haut la main.