Retour sur le spectacle de Kaïn aux Îles-de-la-Madeleine
Samedi dernier, mon groupe Chocolat (le meilleur groupe de rock au Québec depuis Offenbach) était de retour aux Îles-de-la-Madeleine presque 10 ans après les incidents du Pas Perdus. Le concert s’est déroulé sans anicroche, on a même remercié les gens d’être là. Il y a eu des moshpits, mais c’était pas mal plus gentil que le concert qu’on venait de donner à Baie Saint-Paul (voir le retour sur les événements ici).
Sur ce, je ne suis pas ici pour vous parler de tout ça. Le lendemain, je suis resté aux Îles et j’ai assisté à un concert du groupe de musique Kaïn. Oh oui! J’ai même partagé un appartement avec eux ce soir-là.
Dimanche après-midi, je croise Steve Veilleux dans ledit appartement en haut du restaurant du Pas Perdus.
Steve Veilleux : Salut
Moi : Salut
J’étais comme un chevreuil aveuglé par les phares d’une auto. Que faire devant une si belle occasion de malaise? Comment rester civilisé? Faut comprendre que la musique ça me fait beaucoup d’effet, surtout celle que je considère comme bonne ou mauvaise. Ce qui se trouve entre les deux me laisse souvent indifférent. Il fallait absolument aller au concert, voir le phénomène en chair et en os. Je me sentais comme la fois où j’étais assis derrière Jonas au gala de l’ADISQ. Evan (le batteur de mon groupe) ne parle pas français et n’est pas tout à fait instruit en culture populaire québécoise.
Moi : Hey baby, we’re going to see a show tonight, you’ll see it’s gonna be interesting
Evan: What show?
Moi : It’s a really popular Quebec band called Kaïn.
Evan: They’re called «Kaïn»!? No way!
Moi : Yeah they suck
J’arrive au concert avec Evan, Christophe (claviériste/saxophoniste de Chocolat) et Francis (notre gars de son).
La salle est comble, ils jouent deux soirs de suite et ce soir-là c’est la supplémentaire. Leur batteur a manqué l’avion et a failli ne pas trouver de plan B. Faut dire que trouver un autre vol pour les Îles le jour même ce n’est pas aussi simple que Montréal-Paris.
Le concert commence et le groupe est en forme malgré une salle très attentive (voir statique). Ils ont un nouveau guitariste (John-Anthony Gagnon Robinette) qui apporte un vent de fraîcheur au groupe, il fait beaucoup de solos et ça fait triper les gars.
Evan: I’ll just act like it’s the best show I ever saw in my life, otherwise I’ll get bored and leave.
Evan se dirige vers la première rangée de la foule et commence à danser avec abandon primal. Les gars du groupe Kaïn prennent toute une puff en le regardant et la foule ne sait pas trop comment réagir. C’est le coup de foudre entre Kaïn et Evan.
Éric Maheu : Toé là tu me rends heureux, on t’amène en tournée!
Evan ne comprend rien.
Un peu plus tard dans la soirée Francis entend une conversation aux toilettes entre deux Madelinots d’un certain âge.
Madelinot 1 : Je sais pas c’est qui le freak qui danse, mais d’après moi y vient pas d’icitte
Madelinot 2 : En tout cas je suis content que ce soit pas mon gars
Vient la fin du premier set (il y avait entracte), ça nous donne l’occasion de boire une grosse 50 sur la terrasse.
Moi : So, how does it feel to be loved by one of the top 10 worst bands of Quebec?
Evan: I feel worse
Puis on entend une guitare acoustique, on croit que c’est le début de la deuxième partie du concert.
Christophe : Hey ça recommence!
Francis : Non c’est l’album de Fred Fortin qui joue.
Oups!
J’aimerais souligner que tout le monde dans Chocolat respecte beaucoup Fred (sauf Evan, il sait pas c’est qui).
Deuxième partie du concert.
Steve Veilleux : Je me permets un petit quelque chose
Eh oui! Une toune solo, enfin je vais pouvoir entendre les paroles, ça joue beaucoup trop fort les orchestres de rock! Il en profite pour jouer une nouvelle chanson intitulée « La sainte paix » qui parle de vouloir être seul quand on est lendemain de boisson.
« Ruine babine, gratte guitare, last call! »
Puis la chanson prend une tournure politisée.
« Au ministre du bonheur corrompu »
Kaïn c’est des révolutionnaires.
Francis trouve qu’il y a trop de basses dans la façade.
Puis une autre nouvelle chanson, « Le moment présent ».
Steve Veilleux : Laissez vos téléphones dans vos poches, on va triper ensemble, comme dans le temps.
…
Non.
Parlant de temps, je commence à trouver ça long. Evan danse encore.
« Quelque part, ailleurs, pour vu qu’on se touche »
Francis me fait remarquer qu’il y avait un délai dans la voix de Steve Veilleux pendant qu’il parlait entre deux chansons, c’est le genre de détail qui me fait rire.
J’ai raté leur hit… J’avais oublié de payer mon souper (une excellente bavette de bœuf d’appellation végane), la serveuse du resto a réussi à me retrouver.
À la sortie du concert, Evan parle avec son fan club composé de fillettes de 16 ans, les amis de gars du fan club commencent à être irrités par l’excentricité d’Evan. L’atmosphère devient un petit peu électrique.
Evan: I’m a male stripper called Pantzy Wintzy.
Deux amis discutent entre eux.
Madelinot 3 : On cherche le trouble ou pas?
Madelinot 4 : Non
Moi : Hey Evan, let’s go to the other bar…
On n’a pas recroisé les membres de Kaïn à l’appartement. Dommage, paraît qu’ils sont sur le party. Leurs chansons ce n’est vraiment pas ma tasse de thé, mais il faut leur donner qu’ils jouent quand même bien.
Pire band pareil.