Critiques

Zammuto

Anchor

  • Temporary Residence Ltd
  • 2014
  • 42 minutes
7,5

e6238370Zammuto, c’est le véhicule de Nick Zammuto, qui chantait, manipulait les sons, concoctait des rythmes et grattait la guitare au sein de la marquante formation The Books. Le défunt duo bâtissait ses pièces à partir de sons trouvés et d’enregistrements vocaux de sources obscures et inattendues. En utilisant du matériel existant comme source d’inspiration, The Books ne montrait jamais directement sa personnalité, préférant n’en offrir qu’une vision partielle. C’était une approche fascinante, mais Nick Zammuto en a pris ses distances, comme le laissait présager le fait qu’il ait donné son propre nom à son groupe. Il chante dans presque chaque chanson et utilise dorénavant ses propres mots.

Grâce à quelques vidéos, et un à court documentaire sur son mode de vie, on en sait maintenant beaucoup plus sur Zammuto le bricoleur et le bidouilleur, habile autant avec les sculptures sonores qu’avec la fabrication de trébuchets. Et accompagné de ses musiciens, dont le spectaculaire batteur Sean Dixon, Zammuto sait aussi assembler des structures polyrythmiques élaborées et délicates.

Si le premier album après-Books de Zammuto en 2012 était un peu alourdi par ses envolées prog et ses blagues et jeux de mots douteux, ce nouvel Anchor apporte un sérieux et une sentimentalité un peu inattendus à son œuvre. Au lieu de parler de C-3PO et de fesses de zèbres, Zammuto parle de la femme de sa vie, de gens qu’il rencontre, et de l’inconnu qui nous attend après la mort. Malgré des pointes d’humour ici et là (dont la chanson aux mesures constamment changeantes intitulée Stop Counting), les sujets restent sérieux, un intéressant contraste avec sa musique généralement enjouée.

En laissant sa musique devenir plus personnelle, Zammuto ne peut s’empêcher de laisser paraître des influences par-ci par-là. L’énergique IO rappelle tout de suite Devo, et Need Some Sun a l’énergie syncopée du vieux The Police, impression doublée par le jeu de Sean Dixon, clairement émule de Stewart Copeland. Mais le style inimitable de Zammuto reste bien présent dans des pièces comme The Great Equator, et même dans des pièces moins convaincantes comme Don’t Be A Tool et Electric Ant.

La constante qui traverse le travail de Nick Zammuto, des Books jusqu’ici, c’est l’aspect unique des sonorités utilisées et la réalisation épurée, qui n’encombre jamais ces sonoités. Le musicien change quelques sources, mais on entend encore ses rythmes grattés sur disques vinyle, ses réverbérations harmoniques et ses notes de synthés qui donnent parfois l’impression de tomber sur le rythme par accident. Zammuto n’explore plus aussi farouchement que par le passé, mais on le sent plus en contrôle et plus accessible que jamais.

Ma note: 7,5/10

Zammuto
Anchor
Temporary Residence Ltd
42 minutes

www.zammutosound.com/

[youtube]http://youtu.be/O4hbMkcatAY[/youtube]

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