Critiques

Lucinda Williams

The Ghost Of Highway 20

  • Highway 20 Records
  • 2016
  • 87 minutes
8
Le meilleur de lca

Lucinda WilliamsChez Lucinda Williams, les racines de la musique dite « americana » sont profondes et savent s’abreuver à même les courants souterrains qui ne font désormais que rarement surface dans les chartes musicales contemporaines et populaires. On parle ici du blues, du country et du R&B.

Depuis les débuts de sa carrière, quelque part à la fin des années 1970, la Louisianaise a plongé la plume de son encrier dans ces torrents pour en extirper des histoires et musicalités chaudes, tristes, rocailleuses et, surtout, criantes d’un amour des gens et du pays.

Touchant la perfection du style americana avec Car Wheels On A Gravel Road sorti en 1998, voilà que, 18 ans plus tard, Mme Williams (63 ans tout de même) nous offre The Ghosts Of Highway 20, un album aux similitudes certaines.

Réalisé dans la continuité de Where The Spirit Meets The Bone, son disque «blues» double sorti en 2014, The Ghosts Of Highway 20 se veut un opus conçu pour et par la route. Poussiéreux (ce grain de sable est toujours aussi présent dans la voix de Mme Williams) et sinueux, il ne décrit en rien les paysages, mais fait plutôt référence aux gens croisés sur le chemin de la vie, à ceux qui sont encore présents, de même qu’aux fantômes du passé, ceux qui font ressurgir les souvenirs, les douloureux comme les chaleureux.

Des sentiments se succèdent ainsi à l’écoute des mémoires de Lucinda Williams. Quelques-uns parmi la multitude:

L’amertume (“Why won’t you let me be, You made my cry, why won’t you die, Go away bitter memory” – Bitter Memory);

La douleur (“When you go, you let me know if there’s a heaven out there, When you leave me here to grieve in pain and despair” – If There’s A Heaven);

Le réconfort (“You’ll always have somewhere to call home, No matter the circumstances, Wherever you are, you’re never alone” – Place In My Heart);

La résilience (“I know we fight and we can raise some hell, But I’m gonna be with you for the rest of my life” – Can’t Close The Door On Love).

Lucinda Williams souffle le chaud et le froid tout du long de ce The Ghosts Of Highway 20. Et l’accompagnent deux excellents guitaristes, à savoir Bill Frisell avec qui elle avait œuvré sur son album West (2007), de même que Greg Leisz, connu entre autres pour son travail avec Bon Iver. Un échange électrisant et un amalgame plus que réussi des cordes grattées en résultent. Accents blues, jazz, roots… La complicité – et l’exécution – entre les deux protagonistes frise ici la perfection.

Les fantômes rencontrés sur cet album ne sont pas uniquement ceux de Lucinda Williams – elle y adapte un passage du livre House Of Earth écrit par feu Woody Guthrie, icône du folk américain et se permet également une reprise de la chanson Factory de Bruce Springsteen.

Non. Ils sont aussi ceux de tout un chacun, ceux que l’on veut oublier comme ceux que l’on souhaiterait voir ressusciter.

Ma note: 8/10

Lucinda Williams
The Ghosts of Highway 20
Highway 20 Records
87 minutes

http://lucindawilliams.com

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