Lou Doillon
Lay Low
- Universal Music Group
- 2015
- 32 minutes
En 2012, cette actrice, mannequin et auteure-compositrice-interprète, avait lancé une excellente entrée en matière intitulée Places. Lou Doillon, fille du réalisateur Jacques Doillon et de l’actrice/chanteuse iconique Jane Birkin (et par le fait même demi-sœur de Charlotte Gainsbourg), présentait à l’époque un disque de «soft-pop-rock» mature qui évoquait souvent Feist. Elle revenait la semaine dernière avec un deuxième effort titré Lay Low enregistré majoritairement à Montréal au début de l’hiver 2015.
La genèse de ce disque? Lou Doillon tripe sur Timber Timbre et formule une demande officielle au leader de la formation, Taylor Kirk, afin qu’il soit le réalisateur attitré de l’album. De prime abord, celui-ci refuse (il n’avait jamais réalisé d’album pour un autre artiste), mais sous l’insistance de Doillon, Kirk capitule et s’installe en studio avec ses acolytes de Timber Timbre. À la fin des sessions d’enregistrements montréalaises, Doillon se sauve en France avec les bandes afin d’ajouter quelques couches à son album… ça sonnait, semble-t-il, un peu trop Timber Timbre.
Pourquoi tout ce préambule? Parce qu’il est nécessaire de bien comprendre le cycle des évènements qui ont mené à la naissance de ce Lay Low. Oui, ce disque est marqué du sceau spleenétique si caractéristique du groupe montréalais, mais le travail effectué en France a permis à Doillon de conserver son identité sonore complètement intacte. On retrouve donc l’incontournable ascendant folk rock de Feist. L’influence cafardeuse de Timber Timbre bonifie les chansons mélancoliques de la dame et le petit côté feutré du troisième album du Velvet Underground est toujours présent.
Et c’est toujours aussi bon pas de doute là-dessus. Même si on se situe dans une famille sonore assez «mature», Doillon a tellement su bien s’entourer qu’on passe aisément outre ce penchant paisible «qui broie du noir» qui caractérise ce Lay Low. De la pop noire de haut niveau. C’est magnifiquement orchestré (avec Kirk aux commandes, ça ne pouvait que fonctionner) ce qui confère à ces pièces un air menaçant, un peu plus rugueux qu’à l’accoutumée, et ce, sans perdre dans les limbes la sublime tristesse de la précédente tentative. Un disque qui s’écoute un dimanche matin pluvieux, bien peinard chez soi.
Doillon atteint la cible dans la plupart des morceaux proposés sur cette conception sonore, mais plus particulièrement dans l’introductive et pianistique Left Behind, dans la superbe Above My Head (vague à l’âme garantie), dans le fox-trot un peu «fifties» Where To Start, dans les très Timber Timbre titrées respectivement Nothing Left et Good Man de même que dans So Still, chanson aux sonorités un tantinet country.
Il y a des compositeurs fort doués qui préfèrent tout faire par eux-mêmes et d’autres qui ont l’humilité de reconnaître leurs limites. Lou Doillon fait partie de cette deuxième catégorie et ça ne lui enlève absolument rien, car savoir s’entourer dans la vie est un art… et quand on a des goûts musicaux aussi sûrs, il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Lay Low est une mixture de talent brut et de flair exemplaire. Ça donne quoi? Un fichu de bon disque de rock ouaté, réalisé avec soin. De la chanson majeure et vaccinée de très grande qualité!
Ma note: 8/10
Lou Doillon
Lay Low
Universal Music
32 minutes
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