Eyehategod
Eyehategod
- Emetic Records
- 2014
- 43 minutes
Combien de temps s’est écoulé depuis le dernier album de Eyehategod? Rien de moins que quatorze ans! Entre temps, bien des choses se sont passées: Mike Williams chanteur et membre original a perdu sa maison dans l’ouragan Katrina, a fait de la prison pour possession d’héroïne, puis a abandonné la drogue tandis que son acolyte, Jimmy Bower (guitariste et autre membre original) a lui aussi lâché la drogue et a joué de la batterie dans le groupe Down mené par Phil Anselmo… et si on en ajoute sur le tas, Joey LaCaze, le batteur de la formation, est mort en 2013 suite à un arrêt respiratoire (probablement dû à la consommation de drogue…).
Bref, tout ça pour dire qu’Eyehategod est un peu passé par l’enfer avant de revenir avec cet album homonyme. Avec les années qui passent (le groupe fêtant ses vingt-six ans d’existence en 2014) est-ce que la bande, précurseure du sludge metal, a ramolli? À la surprise générale, la réponse est non! Eyehategod est plus varié que jamais et arrive avec un album d’une lourdeur bien appréciable nappée de riffs plus intéressants les uns que les autres. Comme quoi, l’abandon des opiacés aura été hautement bénéfique à leur créativité.
Williams est toujours aussi acrimonieux dans ses cris primaires, crachant son fiel avec énergie et force dès les premières notes d’Agitation! Propaganda! La batterie d’Aaron Hill, quant à elle, bat la mesure à vive allure alors que la guitare de Bower est entourée d’une distorsion stridente qui pue le «circle pit» à plein nez. L’énergie du groupe n’est pas à la baisse et les vétérans démontrent que bien des jeunes devraient prendre des notes.
Les riffs de Bower sont tout simplement excellents sur ce nouvel album. On sent l’ascendant des Black Sabbath de ce monde, mais en beaucoup plus hargneux. Quitter’s Offensive prouve que le guitariste affectionne toujours le blues, auquel on ajoute bien entendu plusieurs kilogrammes. Le côté plus punk du groupe se fait voir aussi sur Framed To The Wall qui défile à toute allure alors que la lourdeur est au rendez-vous sur Parish Motel Sickness. Eyehategod se permet même une incursion dans les eaux plus expérimentales avec Flags And Cities Bound qui fait penser aux moments de contestations de Ministry.
Oui, ce nouvel Eyehategod est tout à fait jouissif et prouve que les vétérans sont tout sauf dépassés. En fait, voilà sans doute un de leur meilleur album; un des mieux construit de A à Z. Bower et Williams sont en forme et cela se traduit par un sludge créatif, accrocheur et rafraîchissant. Pour les oreilles qui aiment la musique qui sonne comme une tonne de brique qui serait martelée par une armée de pelles mécaniques, vous serez comblés.
Ma note: 8/10
Eyehategod
Eyehategod
Emetic Records
43 minutes
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