EL VY
Return To The Moon
- 4AD
- 2015
- 42 minutes
Matt Berninger est le chanteur-parolier de la désormais adulée formation The National. Brent Knopf est un musicien originaire de Portland, Oregon, qui a fait partie d’un groupe indie rock, méconnu de votre humble scribe, nommé Menomena. Actuellement, Knopf est à la tête d’un autre assemblage rock nommé Ramona Falls. Ces amis de longue date travaillaient ensemble depuis un bon petit bout de temps avant de mettre sur pied officiellement le projet EL VY. La musique du tandem s’est construite autour des démos de Knopf sur lesquelles Berninger y couchait sa duveteuse voix de baryton et ses textes.
Fort respectable en version fragmentaire, les chansons d’EL VY nous sont proposées sur un album en bonne et due forme… et ce Return To The Moon, paru à la fin du mois d’octobre, est à la hauteur des attentes oui ou non? Malheureusement, le balancier penche nettement plus vers la désapprobation. Pourquoi? Tout simplement parce que le songwriting est déficient; les bonnes chansons ne sont pas assez «bonnes» pour qu’on puisse s’extasier devant le travail des deux hommes. La plupart du temps, cette conception sonore ennuie, et ce, malgré cette mixture intéressante entre l’indie rock touffu de Knopf et les textes sarcastiques de Berninger.
Le charismatique chanteur emprunte une voie littéraire teintée d’humour noir qui met de l’avant un aspect un peu moins familier de sa personnalité. Musicalement, la facture est nettement plus enjouée que ce que propose habituellement The National et là aussi, le contraste est fort appréciable. Knopf enrobe ces chansons de motifs de guitare assez captivants, évitant ainsi une certaine mièvrerie que les quelques claviers «eighties» éparpillés tout au long de l’album auraient pu concéder à ce disque. EL VY crée un électro-rock mature, un peu léché, doté d’une irréfutable originalité, mais qui peine à s’élever.
Des ritournelles présentées sous leurs plus beaux atours n’arriveront jamais à la cheville de pièces magnifiquement construites et mélodiquement infaillibles. Tout au long de l’écoute de ce Return To The Moon, on se dit que c’est bien fait, bien réalisé, bien orchestré. Néanmoins, on se rend compte rapidement que tout ce travail vient masquer la faiblesse des chansons. Cette création est un bel essai, mais ce n’est pas assez pour atteindre la note de passage.
C’est en fin de parcours qu’EL VY atteint la cible avec deux chansons un peu plus dynamiques et grinçantes: Sad Case et Happiness, Missouri. Ce côté plus rugueux, amalgamé à la voix de Berninger, fournit une bonne dose de testostérone à une sitedemo.cauction un peu trop «gentille» à mon goût. Probablement, une avenue à emprunter pour le prochain effort… si prochain effort il y a.
En musique, il est toujours de circonstance de se coltiner à d’autres créateurs et musiciens afin d’élargir ses horizons musicaux. Attitude à proscrire en couple, il va sans dire! Cela dit, même si on salue sincèrement la tentative du duo de se soustraire du processus créatif de leurs formations respectives, Return To The Moon ne vaut pas la peine de s’y attarder trop longtemps.
Ma note: 5,5/10
EL VY
Return To The Moon
4AD
42 minutes
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