Damien Rice
My Favourite Faded Fantasy
- Warner Bros. Records
- 2014
- 51 minutes
L’auteur-compositeur-interprète Damien Rice saupoudre ses parutions de façon assez espacée merci! En effet, après l’acclamé O paru en 2002 et 9 en 2006, l’Irlandais est de retour cette semaine avec My Favourite Faded Fantasy. Rice, qui crée un folk-pop confidentiel, à fleur de peau, était accompagné en concert de la chanteuse Lisa Hannigan… On dit «était», car Damien Rice a mis fin à la relation professionnelle avec la vocaliste en 2007.
Depuis 2006, Rice se fait particulièrement discret, préférant s’éloigner de l’œil du public en s’installant en permanence en Islande. Sur ce troisième opus du musicien, on note la collaboration d’Alex Somer (proche collaborateur et copain de Jonsi de Sigur Ros) ainsi que de Rick Rubin. Oui, vous n’avez pas la berlue, le vétéran barbu a donné un sérieux coup de main à l’élaboration de ce disque. En contrepartie, Rubin (reconnu pour son travail avec des artistes nettement plus abrasifs que le doucereux Rice) a travaillé récemment avec Angus & Julia Stone et on est plus ou moins étonné de cette association.
Sur My Favourite Faded Fantasy, le songwriter est toujours aussi mélancolique, soyeux, et se positionne constamment en équilibre entre une certaine surenchère affective/maniérée et un folk orfèvré à la Nick Drake. Quand Rice bonifie ses spleenétiques ritournelles d’orchestrations de cordes onctueuses et de mouvements musicaux labyrinthiques, on adhère sensiblement. La pianistique It Takes A Lot To Know A Man, d’une durée de neuf minutes trente-deux secondes, est un exemple probant de l’indéniable talent de compositeur de Rice. À mi-parcours, après un début orchestral frémissant, on retrouve Rice seul au piano accompagné d’un violon et d’une batterie minimaliste. Sur la même progression d’accord, Rice et ses musiciens enchaînent et font exploser le morceau dans un crescendo palpitant. Un beau moment!
L’homme est également captivant en format folk dépouillé. Malgré l’excès de geignements sitedemo.caigués par Rice sur The Greatest Bastard et I Don’t Want To Change You, on réussit somme toute à apprécier, car on ne peut reprocher à l’instrumentiste une insuffisance de véracité; les cordes venant éloquemment appuyer le propos… mais bon, ça demeure une création de folk-pop complètement mature/adulte!
Parmi les fielleuses/mignonnes pièces tristounettes prescrites par Rice, on a également eu un délicat penchant pour les minimalistes Colour Me In et The Box (toujours bonifiés par les somptueux arrangements de cordes mentionnés précédemment). Cependant, on demeure continuellement dans un registre psychoaffectif qui avoisine le pleurnichage existentiel… et ça agace à maintes reprises.
Au final, après huit ans d’absence au compteur, Damien Rice avait l’obligation formelle de revenir revigoré d’idées réellement neuves. Sur cet aspect, on est demeuré complètement de marbre. Les fervents du musicien seront assurément comblés, mais en ce qui nous concerne, voilà une autre parution à classer dans la section «trois petits tours et puis s’en vont». Convenable.
Ma note: 6,5/10
Damien Rice
My Favourite Faded Fantasy
Warner Music
51 minutes
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