Critiques

Blue Hawaii

Tenderness

  • Arbutus Records
  • 2017
  • 44 minutes
7

Deuxième album du duo montréalais Blue Hawaii, Tenderness prend le pari de la pop dansante, parfois un brin house, parfois vers le disco, très très loin du sombre et sexuel Untogether. Les fans de la première heure chercheront donc en vain le frisson similaire au superbe opus de 2013.

Déjà, la pochette nous l’annonçait : le duo composé de Raphaelle Standell-Preston (qu’on connait aussi et surtout pour son rôle dans le groupe Braids) et Alex « Agor » Cowa, sont assis sur un divan, chacun rivé sur l’écran de son cellulaire. Les couleurs pastel viennent pourtant insinuer un certain romantisme en ce moment. L’amour à distance, peut-être? Voilà, la thématique est lancée et l’esthétisme un brin cynique, plaqué.

Dès les premières mesures, on se retrouve plongé dans une ambiance rétrofuturiste. Free at last a quelque chose de très groovy, à la limite du sax jazz. Standell-Preston y fait presque dans le « spoken word ». Suit No One Like You, une réinterprétation du classique de Kenix, très disco-pop.

Versus Game a tout du classique tube pop, mais sans les ingrédients qui donnent un « classique ». Et pour moi, c’est le pire moment de l’album. Rien de nouveau dans l’horizon musical 2017. La mélodie s’accroche dans l’oreille comme un chewing-gum se colle dans un toupet crêpé. La dérape pop continue avec Belong to myself, qui pourrait être une pièce de Santigold, sans la force du débit.

On peut reconnaitre à l’album un certain humour avec ses cinq petits interludes, dont une particulièrement rigolote où une certaine tante Susan appelle « Rafie » pour savoir quelle est la grosse nouvelle que sa mère voulait lui annoncer au téléphone : « I think you may be pregnant… ». Le morceau finit avec « I love you, sweetheart, and I’ll talk to you soon. Bye for now », le tout souligné d’un petit tempo un brin cynique. Inusité à souhait.

L’album commence à devenir plus sombre avec Blossoming From Your ShyI am wondering if I’ll ever be a good wife/I am wondering if I’ll ever have a still life», chante Standell-Preston d’une voix faussement suraigu.

Do You Need Me, la pièce préférée du duo sur l’album (et aussi la mienne) est doucement enrichie des cordes d’Owen Pallett. Pour une fois sur l’album, Standell-Preston libère les pouvoirs de sa voix, qui, il faut le reconnaitre, en jette.

Une fois le deuil fait d’un album aussi profond et troublant qu’Untogether, on parvient à mieux apprécier Tenderness pour ce qu’il est : un album de bonne pop. Une fois la basse bien crinquée, les opportunités pour danser ne manquent pas.

Ma note: 7/10

Blue Hawaii
Tenderness
Arbutus Records
44 minutes

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