Bombino
Azel
- Partisan Records
- 2016
- 47 minutes
Après un album un peu trop teinté par la réalisation de Dan Auerbach (The Black Keys), Omara Moctar, alias Bombino, fait équipe avec Dave Longstreth (Dirty Projectors) pour son troisième album studio, Azel. Un changement de cap intéressant qui laisse toute la place à la virtuosité du Nigérien et son groupe, parce qu’avec un groupe comme celui-ci, rien ne sert d’essayer d’imposer une sonorité, elle vient d’elle-même. Longstreth le savait d’emblée, étant lui-même un grand fan.
C’est donc en campagne, au nord de l’état de New York, que l’album fut enregistré. Néanmoins, la sonorité générale garde ses racines très «desert blues» saharien et ne tombe jamais dans un cliché influencé par la musique de l’Ouest. Même qu’on se rapproche beaucoup plus de Guitars From Agadez Vol.2, le premier album non officiel de Bombino, enregistré chez lui au Niger. Les sonorités des guitares très claires, les clappements de mains sur toutes les pistes, la voix toujours un peu nasillarde du Nigérien, ainsi que la petite touche reggae qu’on avait l’habitude d’entendre sur les versions live, rendent ce long-jeu d’une brillance, d’une joie de vivre, d’un humanisme contagieux. Et ce, malgré quelques sujets un peu plus patriotiques et traitant de certains problèmes de la communauté touareg.
D’autre part, quatre pièces acoustiques sont présentées sur cet album, toutes d’une sensibilité et d’une virtuosité effarante. Comme si Moctar nous ouvrait les portes de son salon. Pas que les pièces «électriques» soient moins intéressantes, au contraire, mais ces interludes amènent un contraste agréable. Inar (If You Know The Degree Of My Love For You) a d’ailleurs été la pièce utilisée pour la promotion de Azel. La vidéo tournée pendant l’enregistrement de cette piste montre les grandes qualités de guitariste que Bombino a à offrir tout au long de l’album.
Les influences de Tiniriwen ou bien d’Ali Farka Touré sont indéniables. Ce sont quand même deux prédécesseurs importants du genre musical. Sauf que le Nigérien arrive très bien à se distinguer. Surtout par sa virtuosité et par son style guitaristique. D’autant plus qu’à certains moments, comme sur la piste Iyat Ninhay/Jaguar (A Great Desert I Saw), lors du jam final, on perçoit un petit côté Jimi Hendrix fort impressionnant, à en faire dresser les poils des bras.
Azel est un opus très bien ficelé qui présente un «touareggae» qui donne envie de danser beau temps, mauvais temps. Les riffs de guitare sont accrocheurs, les envolées du groupe sont percutantes, et ce, malgré une petite redondance dans le choix des tonalités. Rien d’alarmant cette répétition. Somme toute, probablement le meilleur album de Bombino.
Ma note: 7,5/10
Bombino
Azel
Partisan Records
47 min
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