Ce sont les premières paroles que chante Patrick Watson au début de la première chanson de son nouvel album simplement intitulé Uh Oh. L’auteur-compositeur-interprète québécois a vécu la pire frousse d’un chanteur : perdre sa voix. Et pas simplement à cause d’une grippe. Comme il le raconte à Marie-Lise Rousseau dans le Devoir, un vaisseau sanguin qui s’est rompu a paralysé ses cordes vocales et les médecins ne savaient pas s’ils allaient complètement récupérer. Les grands troubles sont toujours une source fertile de création et Patrick Watson n’a pas laissé passer l’occasion de faire de la limonade avec ce citron.
Plutôt que de se replier sur lui-même en raison du drame, il a tendu la main à d’autres. Sur Uh Oh, il invite de nombreuses voix féminines qu’il aime et crée une tapisserie de collaborations aux couleurs uniques qui coulent tout naturellement. Cela fait aussi ouvrir les horizons musicaux de Patrick Watson qui le fait déjà naturellement, comme l’a démontré A Mermaid in Lisbon paru en 2021. D’ailleurs, les collaborations avec des chanteuses font aussi partie de sa démarche dans les dernières années. Uh Oh s’inscrit donc dans la continuité de ce côté.
On retrouve sur l’album de nombreuses pièces réussies. Chacune d’elles est un monde à part entière habilement construit par Watson. La chanson-titre qui compte sur l’apport de la Québécoise Charlotte Oleena (connue aussi sous le nom de Sea Oleena) vient d’une rencontre fortuite dans un café. Sa voix feutrée vient compléter avec merveilles celle de Patrick Watson, qui s’emporte et qui chante le désespoir. On retrouve aussi un duo avec Klô Pelgag, Ami imaginaire, où Patrick Watson se lance dans une approche plus électronique qui rappelle vaguement l’époque Love Songs for Robots, mais qui va ailleurs. Il faut dire que Pelgag y insuffle un peu de sa couleur. Les deux chantent dans la langue de Molière et proposent une pièce franchement intéressante.
Silencio, la chanson qui sert d’introduction, d’une certaine manière, est aussi fort réussie avec November Ultra, une autrice-compositrice-interprète qui a le vent dans les voiles de l’autre bord de l’océan Atlantique. La toujours puissante Martha Wainwright fait aussi une apparition sur House on Fire avec la fougue qu’on lui connait. C’est le Mile-End qui est à l’honneur, deux artistes qui ont profondément marqué le paysage musical de la Métropole qui unissent leurs voix. Charlotte Cardin vient aussi faire son tour sur la douce et délicate Gordon in the Willows. Une fois de plus, c’est une aventure qui fonctionne très bien.
On savait d’avance que l’album serait réussi parce que Patrick Watson en a partagé un peu plus de la moitié en amont au cours de la dernière année. Si les défis ou les embûches nous poussent à nous élever au-dessus de la mêlée, Patrick Watson le fait de manière admirable sur Uh Oh. Il prouve une fois de plus sa force de caractère de la manière la plus mélodieuse possible.
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