Le Festif! de Baie-Saint-Paul 2025 | Jour 3: Catherine Leduc, The Brooks, Nadah El Shazly, Apashe + Brass Orchestra et DVTR
Notre ultime journée au Festif! de Baie-Saint-Paul 2025 aura été marquée par un fameux mélange de concerts intimes et à grand déploiement, prouvant à nouveau la faculté des programmateurs à en offrir pour tous les goûts. Chose certaine, on s’y amuse comme des p’tits fous.
Photo bannière: Samuel Gaudreault

Catherine Leduc
La Cour à Joanne aura été mon passage obligé durant cette 16e édition du Festif. Ce magnifique espace a pris les airs d’une oasis au courant de ce week-end effréné; ses bean bags, comme des cocons confortables pour repartir la machine en vue d’une nouvelle soirée mouvementée. Un immense merci à Joanne et Daniel, qui nous ont encore généreusement ouvert leur grillage pour un autre moment suspendu.
J’y retrouvais la talentueuse Catherine Leduc, qui venait nous présenter les pièces de son plus récent projet Les jours où il neige à tous les postes. Après la jolie performance de Julyan, la Trifluvienne est arrivée avec sa géniale équipe de musiciens, composée de Lysandre Ménard, Simon Angell, Marc-André Landry, Guillaume Éthier et Matthieu Beaumont. Ensemble, ils ont arpenté cet album et nous nous sommes attardés aux superbes mélodies le composant, aux instrumentations minutieusement construites et à la poésie rêveuse de Leduc. Comme la veille, les chansons se sont accordées avec les lieux, alors que le vent soufflait fort dans les feuilles des arbres et que Nelly, la chienne de la maison, veillait encore au grain, alors qu’une centaine d’inconnus occupaient à nouveau ses quartiers.
Pour notre plus grand plaisir, Catherine Leduc et sa bande ont interprété toutes les pièces de son plus récent projet, mais nous ont aussi fait le cadeau de quelques morceaux de son album Un bras de distance avec le soleil, de 2017, comme Tes sommets sont mes montagnes et La fin ou le début. Ainsi, l’artiste et sa petite équipe se sont laissés prendre par l’intimité de cette cour arrière et nous ont fait rigoler, entre autres, avec une discussion féline. Sans être certain de l’orthographe, je connais maintenant les mots « fouérasse » et « clinky ».

The Brooks
Jusqu’à maintenant, la journée de samedi était plutôt grise et fraiche à Baie-Saint-Paul. Ça, c’était avant que les Montréalais funk de The Brooks débarquent en bordure de la Microbrasserie. La logique a été respectée et leur groove indéniable a fait apparaître les premiers rayons chauds de la journée. Alan Prater et ses acolytes nous ont fait vibrer avec leurs rythmes mélangeants soul, RnB et afrobeat. Le public, bien au rendez-vous, ne s’est pas fait prier pour se déhancher férocement, les pieds dans le faux gazon de cette sympathique scène qui a accueilli de nombreux concerts gratuits et franchement agréables tout au long de la fin de semaine.
C’est de cette façon que l’heure de l’apéro a déboulé, en compagnie d’une formation aguerrie et franchement sympathique qui nous a égayés pour la suite de cette dernière soirée.

Nadah El Shazly
Entourée par les étagères bien garnies de jeux de société, et plongée dans l’odeur torréfiée du Mousse Café, Nadah El Shazly nous a conviés, samedi, à l’heure du souper, dans son univers riche et intime, bercé par ses chansons aux sonorités moyen-orientales. La productrice et chanteuse, originaire du Caire, était seule derrière les platines et nous a proposé un moment tout en douceur, mettant de l’avant les pièces de son plus récent album, Laini Tani. Avec habilité, elle y mélange des éléments électroniques contemporains et arythmiques avec sa voix feutrée qui chante et qui improvise, élément du mawal, genre de musique arabe caractérisé par une certaine lenteur et propice aux émotions. À nouveau, le lieu surprenant s’est agencé à merveille avec la proposition unique de l’artiste, qui compose aussi pour le cinéma. Les textes interprétés en arabe joints par les pulsions synthétiques des productions nous ont offert un énième beau moment.

Apashe et le Brass Orchestra
Pour d’innombrables festivaliers, la soirée de samedi allait les amener aux abords de la Scène Desjardins pour le concert attendu du DJ d’origine belge, établi à Montréal, Apashe. Pour l’occasion, ce dernier était accompagné d’un très efficace orchestre de cuivres qui a donné le ton, avec assurance, à ses chansons aux élans dubstep, électro, trap et pop orchestrale composant sa discographie.
Le sympathique producteur a aligné de nombreux morceaux tonitruants qui nous ont fait bouger abondamment, alors que nous avons puisé dans nos dernières réserves d’énergie. Avec brio, le Brass Orchestra a insufflé d’impeccables textures à ses morceaux, alors que le rappeur Wasiu et le chanteur Geoffroy (qui était en concert juste avant) sont venus prêter main-forte au DJ en interprétant plusieurs morceaux. Une communion est née entre les Baie-Saint-Paulois, les Baie-Saint-Pauloises et l’artiste en ce samedi soir, alors qu’Apashe lui-même a souligné l’énergie particulière qui habitait la grande scène.
Je ne peux pas dire que j’étais certain de vibrer au même rythme, avant le concert, mais l’artiste m’a fait mentir et m’a convaincu avec ses morceaux grondants et ses talentueux musiciens cagoulés derrière les cuivres.

DVTR
Puis, porté par mes dernières forces, j’ai pris la direction du chapiteau SiriusXM pour le concert du groupe punk DVTR qui précédait Choses Sauvages. Et punk il y a eu. Avec leur présence scénique singulière, Laurence G-Do et JC Tellier ont fait sauter la tente au son de chansons rassembleuses comme DVTR, Vasectomia et la plus récente Couleur peau. Ça grince et ça grouille, alors que, dans la foule, de nombreux corps surfent sans cesse. Le jeune duo, particulièrement bien rodé, fait du bruit convaincant et s’impose, avec un concert comme celui-ci, comme un groupe a inviter pour faire la fête, pour toutes occasions, sauf les fêtes d’enfants peut-être.
Festif, je suis repu. Ton accueil chaleureux, tes concerts choisis avec soin, ton village bucolique et ton organisation réglée au quart de tour font de toi un évènement qui correspond aux commentaires dithyrambiques que l’on entend depuis plus de 15 ans déjà. Je reviendrai festoyer, c’est sûr!
Crédit photo: Jay Kearney, Caroline Perron, Samuel Gaudreault, Dominic Courchesne