Concerts

Le Festif! de Baie Saint-Paul 2025 | Jour 1: Easy Tiger, Antoine Corriveau, Gogol Bordello et Ariane Roy

Nous y sommes! C’est la 16e édition du Festif! de Baie-Saint-Paul qui débutait, jeudi, avec une journée franche, garnie de nombreuses surprises excitantes, mais plongée sous un épais brouillard et mouillée par une pluie en battement. Il n’en est rien. La musique a eu le dessus.

Photos par Dominic Courchesne et Caroline Perron

Gabrielle La Rue et Sarah Dion du groupe Easy Tiger. Crédit: Caroline Perron

Eazy Tiger

C’est avec le groupe Easy Tiger, mettant en vedette les rockeuses Gabrielle La Rue et Sarah Dion (NOBRO, Les Shirley), que mon Festif s’est mis en branle. Même si la formation est débarquée devant une foule bien mince à la place Desjardins, elles ont mis les bouchées doubles afin de regaillardir leur public intime, un peu figé par la flotte et le temps plus frisquet s’abattant sur le village. Judicieusement, le florilège de chansons rock des sympathiques musiciennes a soutiré quelques déhanchements, même chez les plus transis. Sur les planches, les rockeuses, jointes par Éléonore Pitre (Rosier) à la guitare et par Carl Evan St-Louis à la batterie, ont fait preuve d’une superbe cohésion et ont présenté les chansons autoproduites se retrouvant, notamment, sur le EP baby, tag along. Les harmonies et les instrumentations débarquant, parfois, avec des sonorités country assumées, ont transformée brièvement la trop grande arène Desjardins en honky tonk suintant et habité par un rock’n’roll affirmé.

Antoine Corriveau. Crédit: Dominic Courchesne

Antoine Corriveau

Antoine Corriveau est un habitué du Festif. Selon ses dires, chaque fois qu’il a joué dans le cadre de ce festival, c’était dans des circonstances plutôt étranges en raison du lieu choisi. Son concert, jeudi, n’a pas fait exception. Alors qu’il devait originalement se dérouler sur la Scène MicroBrasserie Charlevoix, où plusieurs artistes chouchous des programmateurs défilent, le plan a changé en raison de la pluie et Corriveau et sa gang ont été redirigés vers l’aréna du village. Assis sur les bandes, au banc des joueurs et sur le sol, les festivaliers discutaient dans l’attente de voir celui qui roule sa bosse musicale depuis près de 20 ans maintenant. Nul besoin de vous dire que le lieu était surprenant, mais qu’il allait étrangement s’accorder avec l’identité hétéroclite de celui qui venait présenter son Oiseau de Nuit pour la première fois.

Vêtus d’imperméables rouges et de bleus de travail, le chanteur et sa bande sont arrivés sur la scène avec assurance et ont parti ça sur les chapeaux de roues. La chanson Moscow Mule a ouvert le bal, comme une entrée fracassante étampée dans nos faces de visiteurs encore gênés. Ainsi se sont succédé les pièces complexes et versatiles du dernier album, qui ont malheureusement écopé en raison des puissantes réverbérations qu’un aréna peut causer. Le chanteur l’a souligné, mais lui et ses musiciens ne s’en sont pas trop formalisés. Malgré ce pépin, nous nous sommes rapidement retrouvés au cœur de la proposition assumée, labyrinthique et à la musicalité assouvie de l’album, alors que son créateur se démenait sur scène entre guitares, cloche à vache, et son impressionnant spoken-words, comme sur Suzo par exemple. Je crois d’ailleurs que les yeux de l’artiste n’ont pas cligné une seule fois pendant l’entièreté de cette chanson.

Les commentaires habiles de Corriveau ont également marqué le concert. C’était d’ailleurs une excellente idée de nous faire entendre un extrait de lui dans sa voiture, entonnant une mélodie incertaine, nous invitant dans son processus de création libre. Immédiatement, on a reconnu cet air chanté par la talentueuse Cherry Lena, qui est devenu l’introduction d’Interruption. Même si le parterre de l’aréna s’est légèrement dégarni pendant l’heure, la performance nous a convaincus, de par sa précision et avec son laisser-aller libérateur. Avec l’Oiseau de Nuit d’Antoine Corriveau, les rythmes changent, les genres cohabitent et les conventions se bousculent habilement.

Gogol Bordello. Crédit: Jay Kearney

Gogol Bordello

Après un concert surprise mettant en vedette le vaillant Rudy Caya et sa troupe de Vilain Pingouin, dans lequel les classiques du groupe ont retenti devant un public présent en grand nombre, c’est la folie gypsy punk des new-yorkais de Gogol Bordello qui a retenti. Sur la grande scène Desjardins, devant laquelle se sont rassemblés de frétillants festivaliers en quête de sensations fortes, le fascinant groupe a enchainé les morceaux dansants en musicalement assouvis. Le band formé en 1999, mené par le chanteur et guitariste Eugene Hütz, a fait pogner le party solide à Baie-Saint-Paul, alors que les moshpits n’ont jamais cessé et que la fièvre du bodysurf a frappé fort.

Les musiciens du groupe alternent à coups de solos foudroyants et au son des paroles en anglais et en ukrainien, scandées par le chanteur, né à Boyarka, non loin de Kiev. Le punk aux influences tziganes et ukrainiennes a résonné fort, et s’est emparé des corps des festivaliers pendant le concert entier. Que dire des nombreux solos de violon que signait un homme barbu dont le nom m’échappe, mais qui ajoutait à l’ardeur de la foule, déjà possédée.

Pour l’occasion, Hütz a même convié le duo post-punk new-yorkais Puzzled Panther, qui est venu faire la fête avec tout ce beau monde, le temps de quelques chansons. Même si l’on perdait légèrement leurs voix, les musiciennes ont ajouté en énergie avec leurs riffs et leurs pas de dance rodés minutieusement.

On réalise vite que ce qui est fascinant avec Gogol Bordello, c’est leur aisance sur scène, la façon dont les musiciens se succèdent en prenant le lead sans même qu’on s’y attende, la folie qui émane de ce projet libre à la musique aux nombreuses influences, et l’appel à l’insouciance qui s’en dégage. C’est avec un groupe festif comme celui-là que le festival prend son envol avec panache. « Ça fait six ans que nous sommes venus ici », a scandé le meneur de la formation, visiblement ravi de refaire le party avec les Baie-Saint-Paulois et les Baie-Saint-Pauloises.

Ariane Roy. Crédit: Dominic Courchesne

Ariane Roy

N’étant pas certain de ce qui allait compléter ma soirée, j’ai flanché. J’ai décidé de me frayer un chemin sous un chapiteau SiriusXM suffocant pour voir de mes yeux vus le talent de la géniale Ariane Roy. Même s’il manquait d’air sous la tante, la chanteuse a défendu son Dogue avec brio, plongée sous les éclairages magnifiques et accompagnée d’une équipe du tonnerre. Comme il a déjà été écrit à son sujet, le magnétisme opère, les chansons enchanteresses de cet album plus synthétiques nous engourdissent et on se délecte du fait que sa carrière soit encore jeune et qu’elle nous fera vibrer de sa musique pour de nombreuses années à venir.

On remet ça, vendredi, avec, entre autres, une foule de concerts gratuits excitants qui, j’en suis sûr, feront vibrer pas mal de monde, lors d’une journée vraisemblablement plus ensoleillée.

Crédit photo: Dominic Courchesne et Caroline Perron

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