Mon Doux Saigneur
Du soleil dans l’oeil
- Indépendant
- 2024
- 34 minutes
Mon Doux Saigneur rêvait de nouveauté avec Du soleil dans l’œil. Sur ce tout récent projet, le groupe troque le folk rock imbibé d’americana des derniers albums, au profit de pièces à saveur RnB et riches en synthétiseurs groovés au coton. De son côté, Émerik St-Cyr Labbé reste fidèle à lui-même et dépose des textes fertiles à la poésie mémorable. Comme quoi il y a aussi des choses qui ne changent pas.
Si l’auteur-compositeur-interprète exprimait la complicité et la confiance en ses partenaires lors de la création de son 3e album, Fleur de l’Âge, la gang semble avoir récidivé de belle manière sur ce nouvel opus. La presque entièreté de la composition est assurée par le guitariste Eliott Durocher-Bundock et en groupe, ils ont bifurqué stylistiquement, mais sont toujours sur le même diapason. Nous ne sommes pas à des miles de ce que l’on connaît du band non plus, mais la soul et le RnB amenés par les synths mélodiques insufflent un vent de nouveauté terriblement intéressant.
Du soleil dans l’œil, c’est 10 chansons totalisant un peu en bas de 34 minutes. C’est un disque émanant d’intimité, alors qu’on se plonge avec nombreuses d’entre-elles dans des thématiques de rupture et de deuil. Ça ne se morfond pas par contre.
L’album s’ouvre sur les trois simples parus plus tôt cette année, soit Se baigner, Son Mad et La Montagne qu’on avait particulièrement aimé. Ça part donc avec assurance avec ses trois chansons qu’il nous fait plaisir de retrouver. Les textes sont étoffés et accompagnent l’instrumentation finement travaillée. Se baigner ouvre l’album de manière intimiste et Rose Perron (Rau_Ze) y prête sa voix suave, tout comme sur Son Mad et Respire. Hypnotisante, La montagne nous en met plein la vue et réaffirme l’identité de ce nouveau projet. Elle s’écoute en boucle cette toune-là, et on ne s’en tanne pas.
« Toujours down d’essayer
De pousser la limite
Pour voir si par un matin
On changerait de vie »
– La montagne
Comme deux toasts au beurre de pean’ et un café noir un dimanche matin, Soleil débarque et émane de réconfort avec son texte personnel et touchant. Sa composition à la ligne de batterie saccadée est terriblement catchy et que dire de ce passage musicalement jouissif pendant le refrain. Cette ode à Galarneau injecte une grande dose de chaleur à l’album, alors que le chanteur fait aussi preuve d’introspection.
« On dirait qu’on se défend
depuis le mois de juillet
quand j’te prends sur moi
le problème reste »
– Soleil
On ne cesse de s’amuser sur Marcher dans le noir avec son psychédélisme et grâce à l’apport de Rose Perron sur Respire. Tous ces beaux moments nous amènent finalement vers un épisode névralgique, un climax, sur Du soleil dans l’oeil alors que la série « Hook » reprend du service. Sur Hook IV, on a le délectable plaisir d’y retrouver Klô Pelgag. Individuellement, les deux artistes offrent des textes particulièrement bien ficelés et se complètent magnifiquement lorsqu’ils chantent à l’unisson. La musique de Durocher Bundock retentit et s’installe comme une troisième voix. Les couplets sont pulsés de soubresauts de synthétiseurs aguichants qui rythment ingénieusement la chanson-évènement. Tout ça nous mène vers une dernière minute exaltante tout en montée et crée en nous un étrange sentiment de plénitude.
Les choses ne se gâchent pas avec les dernières pistes qui dégringolent rapidement. Les mélodies apaisantes de Pourquoi et Franquelin nous entrainent avec une continuité efficace jusqu’à Avant la fin. Celle-ci clôt habilement l’album avec son côté balade. La voix douce de St-Cyr Labbé nous effleure, une fois de plus, et boucle la boucle d’un album à la musicalité différente, ponctué de nombreux morceaux qui n’ont rien à envier à ceux au top de la discographie du groupe.