Chou
Blanc
- Folivora
- 2024
- 36 minutes
On le dit chaque fois par souci de transparence. Charles Laplante qui est un membre de CHOU écrit pour le Canal Auditif et nous le connaissons bien. Alors, veuillez prendre avec un grain de sel mon texte. Je n’allais pas le critiquer à la base en raison de la proximité. Mais voilà, après quelques écoutes de l’album, je me sens interpellé à écrire quelques lignes sur la chose.
Parce que Blanc est excellent. L’humour noir et grinçant qui était déjà présent sur le premier est une fois de plus mis de l’avant. C’est au niveau musical que le changement est le plus grand : le groupe avait plus de moyens pour enregistrer et ça paraît. Les inspirations d’Hot Snakes sont encore plus directes sur ce deuxième album. Et le fait d’avoir enregistré en direct ensemble apporte une énergie vraiment plus puissante.
Comme dans l’expression : faire chou blanc, l’album se penche sur l’échec sous toutes ses formes. Il y a de l’échec amoureux comme dans Rien, où un père a les enfants en garde partagée pendant un rancart alors que la gardienne a décommandé. Il finit par demander à sa date : « peux-tu leur demander de se fermer la yeule, moi, y m’écoutent pas! » La défaite amoureuse ne s’arrête pas là. Sur la très Hot Snakes-ienne Tirelire, c’est cette fois-ci le capitalisme qui se met en travers d’une relation accomplie.
Si le pognon est synonyme de réussite
Moi je manque de capital
Si un homme se définit par ses avoirs
Chu peut-être plus comme un animal
Oink oink!
— Tirelire
Il y a à travers Blanc de nombreux moments où le groupe porte des observations savantes sur nos sociétés contemporaines. C’est le cas sur Pain sur laquelle le groupe est rejoint par François Gagnon de Fuck Toute :
J’mange des croquettes de poulet en forme de dinosaures et je savoure l’ironie
Des dinosaures qui deviennent des oiseaux qui deviennent des dinosaures
— Pain
Notons sur celle-ci aussi la section rythmique de Patrick Chagnon à la basse et Gabrielle Oltra à la batterie qui rythme le tout de manière puissante. Ce n’est pas de la tarte. Ni du pain aux bananes. Sur Trio-Tang (j’envoie des massages), la suite de Duo-Tang sur le premier album, il y a un breakdown à la Sepultura particulièrement savoureux de Oltra.
Parmi les autres bons moments de l’album, il y a Pythons chauds qui ressort toutes les banalités qu’un musicien peut se faire dire. Il y a Doux comme un agneau qui est une date de métalleux mis en scène de toute beauté par Catherine Jeanne-D’Arc qui joue le penchant féminin. L’évolution de cette dernière du dégoût à une sorte d’intérêt charnel est particulièrement surprenante. Finalement, Je fais attention qui donne de la place à une paranoïa épeurante fait aussi mouche.
C’est vraiment un excellent record de punk plutôt lourd de la part de CHOU. Pour les fans des genres qui décapent un peu plus, c’est un album à ne pas bouder.