Chroniques

Entrevue | Avec Marie Davidson : imbriquer la spontanéité et connecter avec les autres

La prochaine édition du festival MUTEK, laquelle se déroulera du 20 au 25 août, en sera une marquante alors que ce dernier fêtera son quart de siècle. Voilà déjà 25 éditions que cette initiative orchestre. Leur but ? Permettre à des gens et des artistes de partout dans le monde de connecter à travers la musique électronique et les arts visuels. À près d’une semaine du festival, on a voulu en faire mention par le biais d’une artiste bien connue de la scène électronique à la fois montréalaise et mondiale ; il s’agit de la chanteuse, productrice et DJ Marie Davidson.

C’est en conférence téléphonique que Marie Davidson a accepté de se prêter au jeu et de répondre à quelques questions sur sa performance à MUTEK, laquelle se déroulera gratuitement et à l’extérieur à l’Esplanade Tranquille lors de l’événement Expérience 3 le 22 août. La série Expérience offrira d’ailleurs des concerts gratuits à tous les soirs du festival. Dans cette entrevue, Marie Davidson a également répondu sur son travail au sens large, que ce soit sur ses projets actuels, sa tournée, comme son album à venir.

Jouer à la maison

Marie Davidson a été en tournée tout l’été. À l’approche de son concert à MUTEK, elle se sent tout simplement bien. Ceci est entre autres dû au fait de jouer chez elle : « C’est très particulier parce que non seulement Montréal c’est chez moi, c’est aussi la ville dans laquelle j’ai grandi. Montréal, ce n’est pas la fin de ma tournée, car le lendemain je vais à Londres, mais c’est presque la fin de la tournée, donc c’est quand même spécial de jouer à la maison à la fin d’une longue tournée ».

Plus tard, en renchérissant sur son rapport au festival, Marie Davidson a ajouté : « c’est un festival auquel j’ai participé plusieurs fois et c’est aussi une des multiples raisons qui m’a amenée à la musique électronique. La première fois que j’ai participé au festival MUTEK, en 2012, c’était avec un projet différent qui s’appelait DKMD, un duo avec David Kristian, un pionnier de la scène électronique de Montréal ». Son bagage musical de l’époque étant plus rattaché à jouer dans des groupes, la musicienne a également dit qu’elle pense que MUTEK est le lieu qui l’a fait apprécier et mieux comprendre des DJ sets pour les premières fois de sa vie, voire un festival qui l’a fait connecter davantage avec la scène de musique électronique montréalaise comme internationale. Tout s’imbriquait donc avec son intérêt grandissant pour les raves, les trucs DIY et underground, « tout ce qui était les afters de Montréal, ça a été très formateur pour moi » et le fait qu’elle faisait déjà de la musique électronique avant de connecter avec le festival.

De jouer à Montréal comme à MUTEK, c’est donc pour Davidson « un genre de retour aux sources ». Ce qui sera également spécial pour la musicienne, c’est qu’elle y jouera la veille de sa fête : « Ce sera une occasion pour moi de voir mes ami.es au moment de mon anniversaire. Je n’étais pas à Montréal de tout l’été donc il y aura une touche spéciale à ce show-là pour moi. Mais c’est aussi de faire ça gratuit et dehors, j’aime que ce soit accessible à tous ».

Marie Davidson et ses multiples projets

Depuis le début de sa carrière, Marie Davidson s’investit dans plusieurs projets musicaux, des groupes comme des jams comme des trucs plus expérimentaux, notamment au sein de DKMD mentionné plus haut, mais également Essaie Pas avec son mari et collaborateur de toujours Pierre Guérineau. L’artiste a d’ailleurs mentionné que mis à part ce projet et bien entendu celui sous son nom, les autres ne sont pas présentement en activité. Concrètement, ce qui se passe pour elle en ce moment, c’est sa tournée ainsi que son prochain long jeu à paraître d’ici la fin de l’année. Son rythme de vie voguant à toute allure, l’artiste a dit qu’elle n’avait pas eu le temps de regarder la présente programmation du festival : « Je fais beaucoup de tournées, à presque chaque fin de semaine. Souvent, c’est même trois jours en ligne. Mais ce que je fais maintenant, c’est que je regarde la journée-même ce qui m’intéresse de voir, puis j’essaie toujours de capter les sets des autres si je peux. Ça dépend toujours de mon énergie du moment, cette fois-ci le lendemain je dois prendre un avion, donc c’est sûr qu’il y a des limites. Mais je m’intéresse toujours à ce que les autres font. C’est aussi de connecter en dehors de l’Internet. Il y a quelque chose de spécial quand tu découvres la musique de quelqu’un en live. »

Tout ça a mené au rapport qu’elle entretenait avec son public, cette connexion avec les autres lors de ses performances : « Essentiellement, je performe pour moi, mais je performe pour les gens avant tout. C’est ma connexion la plus importante ; c’est pour ça que je fais ça ». Dans le cadre de son spectacle dans la métropole, je lui ai demandé si ça changeait quelque chose de jouer devant des ami.es, un public qui la connaît davantage : « Je traite ça de la même façon que ce soit devant mes ami.es ou des gens que je ne connais pas. Ça fait des années que je donne des spectacles, que je joue partout dans le monde, donc, en général, devant des gens que je ne connais pas. Pour moi, dès que je monte sur scène, la ligne devient floue ; c’est d’être en connexion avec les gens qui sont là, peu importe qui ils sont ».

Plus tard questionnée au sujet de ses différents sets, elle a dit : « Ce ne sera pas différent à Montréal. En fait, c’est le contraire. C’est vraiment un live set avec un enchaînement. Je n’improvise pas, ce sont vraiment des pièces qui sont jouées. C’est très en lien avec la mémoire musculaire. C’est physique aussi, je bouge beaucoup. Quand je joue live, ce que je vise, c’est d’exécuter un spectacle que j’ai pratiqué le mieux possible en étant le plus fluide dans ma manière de parler ». Lorsque je lui ai demandé de me parler de ce à quoi on pouvait s’attendre à MUTEK, Marie Davidson a répondu qu’elle préférait le faire, le donner : « Comme ce n’est pas mon travail de décrire ce que je fais, je n’aime pas ça trop l’intellectualiser. C’est de la musique électronique, c’est quand même club. Les gens réfèrent souvent à ça. Ce qui est particulier, c’est que j’utilise un micro pour parler aux gens. Donc, il y a un côté plus performance qui vient avec mon background, ce côté un peu punk rock ».

La spontanéité dans son art

Pour en revenir au fait de ne pas trop chercher à intellectualiser son art, Marie Davidson a dit : « Ça tue une forme de magie, de spontanéité. La spontanéité, c’est important dans une recherche artistique ». Et alors que l’artiste mentionnait que son set n’était pas une improvisation, où s’imbrique alors ce penchant ? À cela, Davidson a répondu : « pourquoi la musique est tant répétée et chorégraphiée, c’est pour pouvoir être libre dans ma façon de parler, chanter, m’adresser aux gens et bouger. Ça, c’est pas du tout chorégraphié. Souvent, je saute sur la table où il y a mon matériel, quand c’est des gros festivals, c’est des gros stages, j’essaie d’aller le plus proche du public possible. Souvent, je monte sur les subs qui sont entre la scène et le public. Donc ça, c’est différent à chaque jour, à chaque soir. Et le moins j’y pense, le mieux c’est. Je le fais dans le moment, mais mon approche, c’est de donner le meilleur spectacle possible avec le plus d’énergie. En fait, j’essaie de garder une drive et de soutenir une connexion. Donc, parce que j’ai tellement pratiqué mon show, j’essaie de dépasser le stade de nervosité, même si je suis toujours nerveuse avant un show. Mais quand je commence à jouer, en général, la nervosité tombe. Et le but, c’est d’être vraiment dans le moment présent ».

En terminant, au sujet de son prochain album solo, la date de sortie n’a pu, pour l’instant, nous être dévoilée. Par contre, on sait que c’est un projet coproduit avec Pierre Guérineau ainsi que Soulwax de Belgique. La première trame électro Y.A.A.M est d’ailleurs disponible depuis quelques mois déjà. Concernant Essaie Pas, Marie Davidson a dit : « premièrement, mon album solo. C’est un projet qui a existé avant mon projet solo, c’est un projet qui va toujours exister. Pour l’instant, on est en démarche de composer plus de musique. Essaie Pas change toujours de forme, ça va être différent de ce qu’on a fait avant ».

D’abord un gros merci à Marie Davidson pour l’entrevue. Pour en savoir plus sur son spectacle à venir dans le cadre de MUTEK, c’est ici. Et pour l’ensemble du festival, c’est par ici.

Crédit photo: Aytekin Yalcin

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