Festival Musique du Bout du Monde 2024 | Hansom Éli, Zale Seck et MĀMĀ MIHIRANGI & THE MĀREIKURA
En ce vendredi second jour de la 20e édition du Festival Musique du Bout du Monde, de grandes et de grands voyageurs musicaux sont venus présenter ce qui anime leur univers en offrant aux festivaliers des spectacles d’une grande richesse. La journée a commencé en montagne avec les québécois Hansom Éli avant de se poursuivre avec le groupe du maestro sénégalais Zale Seck et de la talentueuse artiste de Nouvelle-Zélande et reine des pédales de boucles MĀMĀ MIHIRANGI & THE MĀREIKURA.
Hansom Éli
C’est au sommet du Mont-Béchervaise, lequel se situe à quelques minutes de voiture du centre de Gaspé, que se déroulait le spectacle du duo familial Hansom Éli, soit Camille et Alexy Guérer, lequel était accompagné de Jean-Christophe Carette au synthétiseur et Eddy à la basse. Notons que Alexy jouait de la batterie alors que Camille chantait. Dans ce paysage apaisant où le ciel neutre tamisait le jour, les quatre artistes musicaux ont offert une performance éclatante teintée de compositions du passé comme de d’autres pas encore sorties. Autrement dit, des chansons qui datent de plus de dix ans ont été jouées au même titre que des fragments de leur premier album Sip, lequel paraîtra en sa totalité le 6 septembre.
En musique, on sait que le duo explore et s’amuse à naviguer entre les styles, que les productions de Alexy et les textes de Camille ont une indéniable connexion. Mais en plus, lors de cette prestation, c’est la facilité que Camille a à s’adresser au public qui a retenu l’attention ; son côté décontracte et spirituel emmène à étendre davantage les accents soul RnB éthérés de certaines compositions. Autrement, les quatre musicien.es réuni.es sur scène ont apporté une belle énergie qui s’est reflétée dans l’ensemble du moment.
Mis à part le temps d’une chanson en début de spectacle où Camille a pris sa guitare, le reste du temps, ce sont Alexy, Jean-Christophe et Eddy qui s’occupaient entièrement de la section instrumentale. De son côté, Camille prêtait sa voix douce, profonde et feutrée, laquelle peut se prêter à un vaste répertoire qui vogue notamment avec la pop, le RnB, le jazz, et le soul. De leur long jeu à venir, 3 compositions ont déjà été partagées. Ainsi, Places, Rails et Oumamie ont fait partie du spectacle, tout comme If time, Posé et Sip, lesquelles se collent à l’album de 11 chambres. D’un bout à l’autre, ce fut un spectacle qui m’a donné envie d’écrire ceci : si j’étais programmateur du FIJM, je garderais mes tympans pas loin de Hansom Éli en vue de l’édition 2025. On peut donc dire chapeau au festival de Gaspé pour cette réussite!
Zale Seck
Voilà déjà plus de vingt ans depuis que le grand musicien sénégalais Zale Seck a mis les pieds au Québec pour la première fois. La province ne lui est donc pas étrangère, tout comme Gaspé alors qu’il était venu au Festival Musique du Bout du Monde avec Belle et Bum en 2011. Tel qu’il le mentionnait, à l’époque, il n’avait joué que deux chansons. Mais en ce vendredi soir, c’est une prestation qui a dépassé l’heure que nous a offert Zale Seck et ses musiciens, dont son fils à la guitare. On peut dire que leur musique est certes un mélange de rumba sénégalaise et de afrobeat avec une omniprésence de percussions et de rythmes dansants, mais en fait leur musique s’imprègne de plusieurs éléments sonores qui viennent ajouter du groove, du funk, du rock et quelques autres vibrations à l’arc lumineux proposé par Zale Seck et sa bande. Le spectacle aura donc été un moment festif et rayonnant, un voyage duquel on revient la batterie pleine de bonnes sensations.
MĀMĀ MIHIRANGI & THE MĀREIKURA
C’est la première fois en 20 ans que le Festival accueillait un artiste musical de la Nouvelle-Zélande et chose que l’on puisse dire, c’est que les gens à la programmation ont réussi tout un tour de main avec la musicienne et reine des pédales de boucles MĀMĀ MIHIRANGI & THE MĀREIKURA. Après quelques complications techniques avant le spectacle, soit leur voyage ayant pris 3 jours, un batteur ne pouvant venir et une chanteuse et danseuse malade manquant à l’appel, ou presque, le spectacle c’est très bien déroulé. C’est que, en fin de compte, le musicien Kizaba a brillé derrière la batterie, lui qui n’avait avant la soirée jamais joué avec MĀMĀ MIHIRANGI. De plus, de par sa présence, l’autre chanteuse et danseuse Stella a pris l’espace de deux. Mais ce n’est pas tout, alors que l’artiste malade est finalement sortie de la foule au milieu du spectacle pour agrémenter temporairement de sa voix une chanson avant de revenir vers la fin, cette fois-ci sur scène.
Bref, si on en revient à la musique, ce fut captivant du début à la fin alors que l’artiste qui multiplie les superpositions sonores nous a longuement offert un voyage oscillant entre l’astral et le terre à terre, autant de par ses compositions que par les sujets abordés et les réflexions derrière leur création. En m’amusant à trouver une manière de bien décrire la musique de cette multi instrumentiste issue d’une tribu de maoris, je dirais que c’est un mélange de si se rencontraient dans un lieu la musique de Fleetwood Mac, la voix de Kate Bush, des artistes de hip-hop lo-fi, des femmes phares du RnB, un tout auquel on pourrait ajouter la voix et la musique de Dominique Fils-Aimé rencontrant des sonorités de peuples autochtones. Bref, ça nous menait dans tous les sens tout en étant incroyablement riche et pertinent.
Crédit photo: Roger St-Laurent