FIJM 2024 | Alexandra Stréliski symphonique et Charlotte Day Wilson
Même la pluie n’aura pas réussi à adoucir la flamme dans la voix de Charlotte Day Wilson qui a joué devant une foule nombreuse, malgré les caprices de dame Nature.
J’avais des choix de douceurs pour cette soirée du Festival international de jazz de Montréal. J’avais bien hâte de voir Charlotte Day Wilson fouler la grosse scène de la Place des Festivals, mais avant je me rendais à la Maison Symphonique pour voir Alexandra Stréliski en mode symphonique.
Alexandra Stréliski symphonique
Parfois, les artistes font l’erreur de beurrer épais d’orchestre leur proposition quand c’est possible. Alexandra Stréliski et Frédéric Bégin, qui a fait certains des arrangements, n’ont pas fait cette erreur. La pianiste montréalaise, même si elle partage maintenant son temps avec Rotterdam, a offert un excellent concert qui magnifiait les pièces de son répertoire grâce au savoir-faire de l’orchestre formé des jumelles polonaises Natalia Kotarba et Julia Kotarba aux violon et violoncelle respectivement, Uliana Drugova, Amélie Lamontagne, Édith Fitzgeral et Chantal Bergeron aux violons, Sarah Martineau, Marie-Lise Ouellet et Valérie Arsenault aux altos, Julie Dussureault et Sophie Coderre aux violoncelles, Mathieu Désy à la contrebasse, Maude Lussier au cor, Guillaume Bourque à la clarinette et Marilène Provencher et Yuki Isami (TEKE::TEKE) aux flûtes.
S’amusant, faisant même parfois le clown, Alexandra Stréliski s’est approprié la scène de la Maison symphonique avec brio. Si à une époque, elle avait peur du concert et refusait de sortir Inscape pour cette raison, il faut admettre qu’elle se débrouille très bien aujourd’hui. C’est une pianiste émancipée et attachante qu’on a rencontrée sur scène. Elle se déplaçait avec aise du piano à queue au son tranchant et plus fin, au piano droit aux marteaux découverts au son enveloppant et à l’orgue Casavant qu’elle a effleuré le temps d’un morceau. Elle a ratissé à travers sa discographie en donnant la part importante à Neo-Romance et Inscape. Parmi les moments forts, Plus tôt, Burnout Fugue et Élégie ont résonné avec les ajouts soignés de l’orchestre. Elle est aussi retournée dans le passé en interprétant Le Sablier, une pièce qu’elle a écrite alors qu’elle n’avait que 14 ans. De plus, elle nous a servi une nouvelle pièce sur laquelle les jumelles Kotarba ont ajouté leur grain de sel.
Si vous vous en voulez d’avoir manqué ça, sachez qu’une supplémentaire a été annoncée hier pour le 17 janvier prochain.
Charlotte Day Wilson
Quelle voix! Charlotte Day Wilson a enchanté la Place des Festivals avec son swag hier soir, alors qu’elle a livré une collection de ses meilleures pièces. Accompagnée par deux musiciens qui jouent ensemble depuis le secondaire et Ouri, elle a prouvé qu’elle méritait une aussi grosse vitrine en livrant de manière impeccable les pièces de son répertoire. Même les changements abrupts de Canopy étaient faits avec dextérité.
Parfois au piano, parfois à la guitare et une fois, un peu moins réussie, au saxophone, la Torontoise a livré une dose de R&B chaleureuse alors que la pluie tentait d’assombrir la soirée. Rien à y faire. Elle a rayonné malgré tout avec Dovetail, New Day qui se transforme en Mountains et l’excellente If I Could. Consciente de l’opportunité précieuse qu’elle avait, elle a devancé son succès Work quelque peu voyant que les averses se faisaient plus soutenues. Elle a aussi salué Kaytranada en interprétant What You Need sur scène. D’ailleurs, en plus du DJ, elle a lancé des fleurs à Ouri qui était sur scène avec elle, en parlant d’elle comme une « hometown hero». Il faut le dire, la talentueuse musicienne l’est et c’était bien de la voir se faire célébrer par une autre grande artiste chez elle sur la Place des Festivals.
La pluie n’aura pas réussi à faire disparaître les sourires hier soir. En tout cas, le mien était encore bien visible dans mon imperméable en attendant l’autobus.
Crédit photo: Victor Diaz Lamich / FIJM