Chroniques

Zaho de Sagazan | Entrevue : Une Victoire à la fois

Un Olympia, des Zéniths et quatre Victoires de la musique plus tard, Zaho de Sagazan est de retour à la métropole du Québec. Son dernier album, La Symphonie des éclairs, sorti le 14 avril 2023, est maintenant certifié platine et son simple du même nom est certifié « Single d’Or » par le Syndicat National de l’Édition Phonographique. L’artiste a livré le 19 avril une performance au Club Soda et reviendra pour les Francos le 22 juin au MTELUS. 

Originaire de France, Zaho de Sagazan a su envouter tout le monde qui l’écoute par sa plume et ses paroles affûtées, montrant une vulnérabilité surprenante et des inspirations de la chanson française qu’elle remanie à sa manière. Ses trames instrumentales, aux influences électroniques et classiques, accompagnent de façon brillante ses textes et tiennent une étonnante délicatesse. J’ai pu m’entretenir avec elle pour en savoir plus sur son processus de création, sa dernière année ainsi que ses performances à venir.

J’MTL

À son premier passage à Montréal, la chanteuse avait déjà exprimé son amour pour les Québécois : « Je trouve vraiment qu’il y a une générosité, une joie de vivre qu’il n’y a pas forcément en France, ça fait partie de la culture que d’être gentille, polie et accueillante ici. » C’est une différence qu’elle a remarquée entre le public à Montréal et ceux en France. 

Zaho de Sagazan affirme qu’elle a encore tout à découvrir de Montréal, et qu’elle veut revenir avec un public qui connaît un peu plus ses chansons. Puisqu’il risque d’avoir plusieurs personnes qui vont assister à son concert pour la première fois aux Francos, je lui demande à quoi les spectateurs devront s’attendre. « Il faut s’attendre à une performance qui allie plusieurs choses, des moments très intimes en piano, voix, chanson triste où on est là pour pleurer et d’autres chansons, beaucoup plus électroniques et très dansantes, où on est là pour danser. Il faut s’attendre à parler d’intimité et d’émotions, puis à la fin : de se libérer de tout ça et de danser, de se lâcher des réflexions. » Elle ajoute qu’il y aura un mix entre de la chanson et de la musique électronique, ce dernier qui sera beaucoup plus mis en avant dans sa performance que sur son disque. 

Parlant de spectacle, je lui ai demandé quelle était sa routine avant de livrer un spectacle. Elle me répond avec assurance qu’elle n’a pas de routine avant ses performances : « Je suis très à l’aise sur scène, je ne suis pas très stressée, t’inquiète. Pas besoin de préparation mentale trop grande. À l’inverse, j’aime bien quand ça vient comme ça, que je me suis préparé en deux secondes et hop, je monte ! » J’étais ensuite curieuse de savoir quels artistes québécois l’inspirent en ce moment. « Hubert Lenoir, je trouve qu’il a une folie fantastique, j’ai toujours adoré et je trouve qu’il a un côté rock’n’roll qui fait beaucoup de bien. » Elle exprime aussi son amour pour Céline Dion ainsi que Xavier Dolan. 

Si elle devait choisir une chanson qu’elle aime beaucoup jouer sur scène, cela serait Ne te regarde pas : « C’est un peu la transition au genre électronique, on arrive au moment où on va voir du kick sur tous les temps, où il va commencer à sentir mauvais dans la salle et on va danser sans se regarder. C’est un moment que j’adore. » Zaho de Sagazan exprime tout de même aimer chaque chanson de son spectacle de façon égale. 

Embrasser sa sensibilité

L’artiste à la sensibilité franche et à la voix tranchante s’inspire de la musique française, notamment Barbara, Alain Souchon, Jacques Brel, de la musique électronique grâce à Kraftwerk et du rock avec Pink Floyd, Led Zeppelin et Janis Joplin. La musique de film et classique, les gens qu’elle rencontre ainsi que ses propres expériences sont aussi source d’inspiration. La symphonie des éclairs, une de ses chansons les plus personnelles comme Tristesses et Mon corps, est évidemment une biographie qui parle de gérer sa sensibilité et de l’embrasser. Zaho de Sagazan s’inspire aussi de son corps : « Je l’ai haïe pendant très longtemps, mais j’ai appris à me détacher de son enveloppe physique. Si j’avais passé le nombre de temps que j’ai passé devant mon miroir à me dire que j’étais moche à lire des livres, vraiment, je ne serai pas là ! » En effet, elle ne serait peut-être pas une artiste connue à l’international !

Victorieuse et humble

Zaho de Sagazan avait déjà une année bien remplie, même qu’en février, durant la cérémonie de la Victoire de la musique, la chanteuse de Saint-Nazaire a remporté 4 Victoires dans les catégories : Chanson originale, Meilleur album, Révélation scène et Révélation féminine. D’ailleurs, elle n’arrive toujours pas à le croire : « Je n’arrive pas du tout à me dire que je suis maintenant un peu populaire, je ne me rends pas compte du tout de ça ». En même temps, il semble que rien n’a changé, excepté sa popularité.  « Je suis aux mêmes endroits avec les mêmes personnes, ma meilleure copine, je passe mon temps à travailler avec mes copains, ça n’a pas changé. Effectivement, je me fais plus reconnaitre dans la rue et j’ai plus de followers, mais à part ça, on ne fait que travailler, tu vois ? »

Cependant, De Sagazan avoue qu’elle avait peur de perdre la simplicité de sa vie à cause de son succès, elle trouve que c’est un métier qui tend à être instable, vu les horaires changeants. L’artiste affirme ne jamais avoir été attiré par la popularité et l’argent : « Je trouve que c’est un métier qui réunit beaucoup de travers de l’humain. Aucun humain n’est fait pour être adoré par autant de personnes et même être détesté, le fait d’être jugé constamment… ». Elle exprime être chanceuse de ne pas avoir eu beaucoup de critiques, même si des fois cela peut lui faire mal, mais elle sait en prendre et en laisser : « Je trouve ça plutôt pathétique moi les gens qui critiquent sur internet, si tu n’aimes pas, t’expliques pourquoi tu n’aimes pas un album, c’est un débat, c’est super ! Si c’est juste pour dire que je suis moche… » 

Lorsque je lui ai demandé ce qui la gardait intègre, elle donne beaucoup de crédit à son entourage : « On n’est pas en train de sauver la planète, on est vraiment juste en train de faire des chansons. J’ai été auxiliaire de vie, ça m’a beaucoup appris sur l’humanité des gens. Ces personnes ne demandent rien en retour, même pas un bravo. Moi, j’ai la chance d’avoir des bravos et de la reconnaissance, je ne vais pas en plus devenir une conasse. » Globalement, elle a su garder ses habitudes, sa vie simple et son entourage, et tout cela l’aide à rester les deux pieds sur Terre. 

Année en montagnes russes

En parlant à Zaho de Sagazan de son année, elle n’hésite pas : « Inattendue et bien dense. J’ai vécu des moments de bonheur hallucinant et j’ai vécu des moments de bas aussi important. Plein de première fois merveilleuse et pleins de concerts ». Quelle a été sa « première fois » préférée ? Rencontrer Tom Odell: « Je me suis mise à la musique à 13 ans grâce à lui. Je n’avais jamais imaginé que j’allais pouvoir le rencontrer un jour. Il était merveilleux, c’est un mec aussi gentil que talentueux, on a passé un bon moment. » Pour finir, je voulais savoir sur quoi elle travaille présentement : « On est retourné en studio, on fait des nouvelles chansons, on prépare un clip, plusieurs trucs que je ne peux pas trop annoncer… » Elle n’a pas fini de partager ces œuvres et à livrer des performances énergétiques.

Elle sera aux Francos le 22 juin au MTELUS, à partir de 20h.

Crédit photo: Les Francos de Montréal

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