Daði Freyr et Blusher au Théatre Beanfield le 12 mars 2024
Le retour tant attendu du chanteur islandais par ses admirateurs montréalais a laissé place à un concert à l’ambiance mystique. Le « girl band » australien Blusher était en première partie.
Photos par Alexanne Brisson
N’y a-t-il rien de plus grave pour un chroniqueur qu’avoir le syndrome de la page blanche? Je me le demande, alors que je suis assis devant mon écran depuis maintenant cinq heures, je me remémore les éléments marquants du concert de ce soir. Des fameux « groupies » derrière moi, debout tout le long du spectacle, portant aussi des chandails, vestes et tous autres vêtements de couleur turquoise ainsi faire rappel de la prestation mythique du chanteur et de son groupe à l’Eurovision de 2021. Une année iconique, selon moi, pour le concours, qui a valu à Daði Freyr la quatrième position avec leur chanson 10 Years.
Blusher
Je vous encourage à imaginer Ellie Goulding, Taylor Swift et Lana Del Ray si elles avaient décidé d’écrire ensemble plusieurs chansons pour la chaîne Disney il y a environ dix ans. Voilà ce qu’est Blusher! C’est une ambiance, un moment dans l’histoire qui m’a tout de suite ramené à mes années d’adolescence badigeonnées de musique pop et dance. Malgré une faible chorégraphie, j’ai compris à l’instant même ce qu’elles représentaient. Sur leur page Instagram, elles se comparent aux Spice Girls (avec deux chanteuses en moins), mais les éléments des années 90 ne ressortent pas autant, ce sont vraisemblablement ceux des années 2010 qu’elles chantent, qu’elles représentent le mieux à travers la musicalité de leur voix, le rythme de leurs chansons et le choix de leurs habits de scène. C’est avec Dead End que le groupe a débuté la soirée. Une chanson adorable qui leur a valu de nombreux applaudissements. Le groupe à décidément enchaîner avec leur dernière sortie Rave Angel, alors là c’était la fête au village, ou plutôt l’ambiance était mise dans le club de danse. Blusher s’est vu clouer leur bref spectacle avec leur chanson Backbone, avec l’ajout de lunettes solaires noires, style Matrix, dans un simple but ludique.
En soit une bien bonne performance, rien de trop exagéré. Je dois dire que ce fût une bien belle découverte de mon côté.
Daði Freyr
Aller voir un concert de Daði Freyr est sans hésitation, une expérience religieuse. Le simple fait d’avoir mis en plein milieu de la scène, une grande effigie du chanteur avec les mains levées vers le ciel et d’entendre sa voix en narration introduisant le spectacle à venir comme si nous recevions la bonne nouvelle par la voix du créateur lui-même, donnait cette impression. Des éclairages jaunes et éclatants de lumière telle une figure en or entrait en scène devant nous, alors que de multiples voix venant de l’assistance s’acclamaient de joie et d’excitation de voir l’enfant pop de la terre du feu et de glace aux vêtements de sport blanc et noir. Entrant en scène, l’artiste principal et deux membres de son groupe débutent leur soirée avec Thank you, chanson pour laquelle est un remerciement bien direct aux spectateurs qui se sont déplacés pour le voir et pour l’encourager. Dans un sens je crois que le choix d’avoir commencé le concert de cette façon permet de comprendre, à ceux qui n’ont pas eu la chance de le voir lors de sa dernière tournée en 2022, l’artiste comme tel. Un être extraverti sans aucune gêne de socialiser avec les gens dans la salle. Nous avions eu de nombreuses discussions tous ensemble lors de ce concert, dont une conversation sur la poutine. En même temps, cela n’était qu’une façon, plutôt stéréotypique, mais malgré tout réelle, de se familiariser assez facilement avec son audience québécoise.
Le concert fut divisé au niveau langagier, alors qu’une moitié des chansons était en anglais, les autres étaient dans la langue natale du chanteur, l’islandais. Nous avons donc eu droit à Skiptir ekki máli, Endurtaka mig et Sabada. Bien évidemment, c’était immanquable pour lui de jouer ses grands classiques 10 years et Think About Things, accueillis avec joie par l’entièreté de la salle. Nous avons aussi eu la chance d’entendre sa toute nouvelle chanson I’m Not Bitter, de laquelle le vidéoclip est sorti il n’y a pas plus de deux semaines. Il y a quelque chose de très puéril chez Daði Freyr, ce côté bon enfant qui arrive à captiver l’attention du public et à la fois contrôler notre regard, un peu comme un humoriste. Ayant une facilité avec les mots, et ce même dans une deuxième langue, il raconte des blagues et se familiarise avec son environnement. C’est quelque chose d’assez naturel chez lui et ça se voit dans ses performances, car il a un plaisir fou, et ce même s’il a dû se lever à deux heures du matin afin de pouvoir faire le voyage New York-Montréal sans problème. Sa fatigue n’était pas ressentie du tout.
Puis lors de son rappel, nous avons eu le plaisir d’entendre sa reprise de la chanson Call Me Maybe par la chanteuse canadienne Carly Rae Jepsen, pour ensuite enchaîner avec sa chanson Obviously.
Donc, s’est terminé ce concert de Daði Freyr au théâtre Beanfield de Montréal avec une ambiance incroyable aux notes légèrement sectaires. Tout était fait avec humour, plaisir et chandails turquoise.
Crédit photo: Alexanne Brisson