Sufjan Stevens
Javelin
- Asthmatic Kitty
- 2023
- 42 minutes
Sufjan Stevens s’est taillé au cours des années une enviable réputation comme auteur-compositeur-interprète. L’Américain a composé certains des plus grands albums des 20 dernières années. Sur Javelin, on sent qu’il revient à ce qui a fait son succès : un mélange de chansons mélancoliques minimalistes entrecoupées de pièces maximalistes aux synthétiseurs bien présent. C’est à mi-chemin entre Carrie & Lowell et The Age of Adz.
C’est aussi un album qui ne poursuit pas dans la veine qu’il avait entaillé avec The Ascension. Au cours des dernières années, les synthétiseurs ont pris une place importante dans les compositions de Sufjan Stevens. C’était notamment le cas pour l’impressionnant Convocations qui se voulait une ode au deuil en suivant les étapes comme il avait dû le faire lui-même suite au décès de son père. Mais pour Javelin, il prend un pas de recul et revient à une formule éprouvée qui a fonctionné dans le passé.
On n’y retrouve pas le côté amusant et joyeux de Illinoise, mais plutôt la lourdeur sentimentale des relations humaines de Age of Adz. C’est le cas sur la mélancolique So You Are Tired qui commence avec des instruments acoustiques, mais qui prend son envol rapidement avec des orchestrations luxuriantes. Le même procédé est répété sur Will Anybody Ever Love Me? qui sent le décourament à plein nez.
En fait, c’est peut-être un des défauts de l’album, c’est que le modus operandi se ressemble un peu trop. Sur Goodbye Evergreen, Sufjan Stevens commence de manière intime avant que la chanson prenne une tangente baroque un peu avant la moitié de celle-ci. Même chose sur Shit Talk. Mais bon, ça demeure que c’est toujours super bien fait et efficace. C’est difficile de lui en vouloir.
Il offre aussi un trio de pièces particulièrement touchantes au cœur de Javelin avec Everything that Rises, Genuflecting Ghost et My Red Little Fox. C’est efficace à souhait, très émouvant et les orchestrations sont encore une fois très bien rendues.
Javelin n’est pas le meilleur album de Sufjan Stevens, mais se hisse très facilement dans son top 5. On le retrouve en pleine possession de ses moyens et toujours aussi émouvant. Il trouve encore le moyen de renouveler son approche, et ce, même si, soyons honnêtes, ce n’est pas son album le plus audacieux en carrière. Ça demeure que Sufjan Stevens a travaillé l’art d’écrire une excellente chanson et continue de le faire avec brio.