Black Country New Road, l’une des plus grandes sensations musicales de la scène post-punk du Royaume-Uni, était de passage pour la première fois à Montréal.

Si plusieurs ne pensaient pas que ce jour serait possible, suite au départ du chanteur Isaac Woods du groupe, plusieurs admirateurs furent excités au point que le spectacle a été annoncé à guichets fermés quatre mois avant le jour J. Le groupe avait aussi annoncé, sur leurs réseaux sociaux, qu’ils n’interpréteraient aucune chanson des deux premiers albums. Est-ce que le public allait suivre la parade?

Daneshevskaya

Venu directement de New York, Daneshevskaya est le projet musical d’Anna Daneshevskaya Beckerman à la voix qui est accompagnée sur scène par six musiciens dont un batteur, un violoniste, une pianiste/flûtiste, une choriste et deux guitaristes.

Venu présenter du nouveau matériel de son prochain album Long Is The Tunnel, qui sortira le 10 novembre prochain, le groupe n’a même pas encore joué trois chansons que le public fut subjugué par l’ambiance folk et douce que projette le groupe. La voix de Daneshevskaya Beckerman, si douce, nous amène à oublier les gens autour et nous contraint à prendre un moment en douceur avant que l’acte principal entre sur scène. Il est toujours intéressant de voir une première partie se dévouer autant. Côté musicien, nous ne sommes pas dans la même catégorie que Black Country New Road, mais ça s’oublie aisément.

Étant situé au parterre lors de la performance, je ne peux que remarquer le public à la fois heureux et ébloui par le talent de la formation. Comme si après avoir écouté les albums de Julie Jacklin, Weyes Blood, etc., ceux-ci découvraient une nouvelle voix venue bercer leur coeur. Daneshevskaya n’est peut-être pas le nom le plus facile à dire, et à se rappeler, mais si la musique parle d’elle-même, elle fera jaser.

Black Country, New Road

Arrivant sur scène sur Jump de Van Halen, les membres du collectif sont entrés sous les cris d’un public jeune et bouillant. Comme mentionner plus tôt dans l’article, depuis le départ de son chanteur Isaac Woods avant la sortie du deuxième album Ants from Up There, les membres restants n’interprète aucun matériel tiré de leur précédent catalogue. Tout ce qui est présenté sur scène est nouveau. Certaines de ses chansons ont auparavant paru dans le magnifique Live at Bush Hall et d’autres ont été découverts le jour même par tout le monde.

Dès les premières notes de Up Song, l’avant du parterre chantait les paroles avec joie, c’est d’ailleurs le seul moment où les mots étaient en cohésion. Pour ce qui allait suivre, nous étions concentrés à observer le groupe comme si nous étions en train d’observer un orchestre à la Maison Symphonique. L’élément de surprise que s’est approprié le groupe a nourri la curiosité du public qui n’a pas été gourmand en rappel et a accepté de manger ce qu’on lui a donné.

Le batteur Charlie Wayne a souvent rappelé l’importance de vivre une bonne expérience communautaire. S’assurer que personne ne crève de chaleur et que tout le monde soit bien hydraté, au point de donner des bouteilles d’eau à certains membres du public pendant un interlude. Cette prise de conscience est sûrement due à son concert de la veille à Toronto où deux membres de public ont subi un coup de chaleur.

C’est donc le flûtiste Lewis Evans, la guitariste et bassiste Tyler Hyde et la pianiste May Kershaw qui s’échangèrent le rôle d’interprète. Chacune de leur voix est brillante, tellement qu’on se demande pourquoi ils n’ont pas autant de place que Woods sur les deux premiers albums. Même la tendance musicale initiale du groupe, plus porté sur le post-punk, évolue pour laisser place au folk, à la pop et à une ambiance rappelant certaines comédies musicales.

La reconstruction de Black Country New Road est assez inspirante pour être citée en exemple pour les gens cherchant de la motivation à réaliser ses rêves. Ce groupe est jeune, ils ont la vie devant eux et je ne peux qu’être excité à leur prochain album et le retour à Montréal dans une salle à capacité plus grande.

Crédit photo: Charles-Antoine Marcotte