Osees
Intercepted Message
- In The Red Records
- 2023
- 41 minutes
Bon an mal an, parfois même plus d’une fois par année, le véhicule sonore mené par l’infatigable John Dwyer nous offre un nouvel album. L’année dernière Osees avait trempé son habituel psychédélisme aux accents punk dans un solvant hardcore décapant. Sur le dessuintant A Foul Form, le quintette nous avait présenté une dizaine de brûlots en un peu moins de vingt-deux minutes.
Cette fois-ci, Dwyer et ses acolytes nous escortent en territoire post-punk / new wave avec leur vingt-septième opus en carrière — si le décompte est bon —, intitulé Intercepted Message. Dans le communiqué de presse remis par la maison de disques In the Red, Dwyer explique la démarche créative de ce long format dans une prose poétique dont lui seul détient le secret : « A pop record for tired times / Sugared with bits of shatterproof to put more crack in your strap / A long last Verse / Chorus ».
Or, même si Dwyer fait une référence à la possible accessibilité mélodique que pourrait contenir cet Intercepted Message, soyez sans crainte, les chansons tortueuses et le son abrasif de la formation demeurent intacts. En contrepartie, l’accent sonore est bel et bien mis sur les claviers bondissants de l’excellent Tomas Dolas, lui qui d’ordinaire joue un rôle plus effacé au sein du groupe. Certains morceaux sont plus dansants. On pense à Die Laughing, entre autres.
C’est en fin de parcours que Osees étonne avec deux pièces totalement synthétiques : Always At Night et LADWP Hold. La première est une ballade sur laquelle Dwyer exhibe une facette vocale plus mélodique. La deuxième, elle, est un morceau instrumental qui se conclut sur un extrait sonore d’un message d’attente téléphonique corporatif. Hilarant.
Your call is sure duty important for us
A representative will be with you shortly
– LADWP Hold
Intercepted Message est également une création « engagé ». Dans la pièce-titre aux sonorités parfaitement post-punk / new wave, Dwyer prend position de manière subtile à l’égard de notre démocratie dite « libérale » :
The system wants you to feel free
But you’ll not succeed
– Intercepted Message
Parmi les autres chansons notables, Goon et The Fish Needs a Bike se démarquent par leurs refrains addictifs, les bruits de respiration anxiogène dans Blank Chems sont troublants et Sleazoid Psycho est un mariage réussi entre Talking Heads, Devo et… Osees !
Si l’auteur de ces lignes préfère lorsque le groupe s’aventure en territoire prog — tout en assumant son identité punk psychédélique —, on admet que la nouvelle voie musicale empruntée par les Osees leur sied très bien. En simplifiant ses chansons, en allant droit au but sans trop d’orchestrations superflues, Dwyer fait la démonstration de sa versatilité compositionnelle et son groupe, d’une compétence exceptionnelle, livre la marchandise. Comme d’habitude.
Que demander de plus ?