José González
Local Valley
- Imperial Recordings
- 2021
- 42 minutes
L’auteur-compositeur-interprète suédois José González aime bien prendre son temps lorsqu’il s’agit de concevoir de nouvelles chansons. Le « folker » a trois albums dans sa besace depuis 2003 et son dernier long format remonte à Vestiges & Claws, disque paru en 2015. Après six ans d’absence, le musicien revient avec un nouvel opus intitulé Local Valley, enregistré à Göteborg, dans la partie boréale de la Suède.
Dans le communiqué de presse remis aux médias, González explique simplement le modus operandi créatif qui a mené à la naissance de ce nouvel album : « J’ai composé des pièces courtes, mélodiques et rythmées dans une mixture de chansons folks classiques, en y incorporant des influences latines américaines et africaines. Je suis confortable d’affirmer que ce disque reflète bien mon identité et mes réflexions en ce moment même ».
Faisant preuve d’une constance que certains agités du bocal pourraient qualifier de monotone, González tente quand même de nouvelles choses sur Local Valley. Même s’il intègre des teintes internationalistes à son tableau, l’instrumentiste réussit à harmoniser son style habituel, serein et paisible, à ces nouvelles influences. C’est cette voix suave, combinée à son jeu de guitare précis, tout en finesse, qui uniformise les pièces de cette création.
L’auteur nous réserve également quelques surprises en interprétant une pièce en espagnol (El Invento) — un hommage à ses origines argentines — et une autre en langue suédoise (En stund på). Dans ce désir de « mondialiser » quelque peu son approche, González emprunte même certains sentiers balisés par un certain Paul Simon; cette icône folk états-unienne qui n’a plus besoin de présentation depuis des lustres. Dans Lilla G et Swing, les comparatifs avec la musique de Simon sont manifestes. Quant à elle, Valle Local est fortement influencé par la musique touarègue. Ceux qui affectionnent la musique des Filles de Illighadad ne seront pas dupes. Ils y décèleront des ascendants sonores flagrants.
Le meneur de Junip — excellente formation de folk rock pilotée par… González lui-même ! — réactualise l’un des meilleurs morceaux créés par le groupe : la sublime Line of Fire, pièce parue sur l’éponyme du trio (2014). En format dépouillé de tout artifice, on prend conscience que cette chanson est plus grande que nature.
Les prises de risque de González sont somme toute conservatrices, s’éloignant à peine de ce qu’il a toujours conçu. Or, les admirateurs de l’artiste vont encore une fois y trouver leur compte. Ce disque, rempli de sagesse, est une métaphore de notre humanité trop souvent prisonnière de nos égos surdimensionnés qui, la plupart du temps, devraient être bien assis sur la banquette arrière de notre véhicule mental…
Sans être un grand disque, Local Valley est un album qui sert de trêve dans nos vies souvent folles, hyperactives et désordonnées.