Est-ce que cette critique sera toujours pertinente dans 99 jours? Pire, est-ce qu’elle le deviendra plus lorsque le cinquième album du collectif Sault ne sera plus disponible sur les plateformes d’écoutes en ligne? C’est une étrange question à se poser. Et pourtant avec leur nouvel album Sault nous pousse à cela en déterminant un temps précis pendant lequel nous pouvons écouter leur plus récente création. Le collectif a lancé deux albums très pertinents en 2020 : Untitled (Black Is) et Untitled (Rise).

Sur Nine le groupe semble chercher un certain équilibre. On y retrouve de la douceur aux paroles dures et mélancoliques, des chansons qui groovent au charisme indéniable, des histoires touchantes et des histoires drôles. Comme s’il fallait trouver un équilibre tout en mettant de l’avant sans contredit une culture de la chanson afro-américaine. Le R&B est roi et maître et se métisse avec d’autres genres pour les biens de la cause.

Déjà l’ouverture simplement titrée Haha et composée d’une boucle qui est jouée deux fois avec un temps de silence met la table. Sault n’a pas terminé de faire de l’expérimentation. L’album est aussi habité par deux récits, l’un touchant de Michael Ofo qui raconte lorsqu’il a appris que son père était mort et l’autre du groupe livre des clichés que les Américains ont pour les Anglais. En plus d’avoir Little Simz qui rappe avec justesse un bon petit bout de chanson. Encore une fois, elle est brillante. Les préoccupations des noirs anglais d’aujourd’hui sont une fois de plus mises de l’avant dans la plupart des textes.

Le côté un peu funk du collectif ressort sur London Gangs avec ses petits côtés rock, la folie des percussions est présente sur Trap Life et la tristesse quasi blues se fait sentir dans le soul et les remords d’Alcohol. Sault refuse encore d’être catégorisé et reste surprenant tout au long de Nine. Le collectif met encore de l’avant une grande qualité de composition et une richesse de son qui est impressionnante. La chanson-titre de l’album est aussi franchement réussie avec son rythme entraînant et son petit côté aérien.

Pas de doutes, sur Nine, Sault démontre l’étendue de sa palette artistique et c’est très large. C’est ainsi qu’il trouve Le mystérieux collectif continue de faire des projets qui sont à l’avant-garde et laisse la musique parler pour lui. Et elle parle très bien.

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