Lana Del Rey
Chemtrails Over the Country Club
- Interscope Records / Polydor Records
- 2021
- 45 minutes
Lana Del Rey est un personnage fort intéressant. Depuis ses débuts, elle plonge dans le mythe américain avec une bonne dose d’humour et de sarcasme en jouant toujours sur la ligne. C’est sûr qu’elle représente pas mal l’idéal physique qui est mis de l’avant dans le monde de la pub. Plutôt que de se laisser emprisonner par le cliché, elle le tourne à son avantage. Cet angle est encore plus clair sur Chemtrails Over the Country Club, en commençant par le titre.
Mais de repousser du revers de la main tous les propos qu’on retrouve sur l’album dans une seule catégorie serait trop facile. C’est beaucoup plus compliqué et entremêlé de chansons où elle accepte de se montrer vulnérable avec une honnêteté qu’on a rarement vu du côté de l’Américaine. Est-ce que c’est un album aussi bien tissé que Norman Fucking Rockwell! Pas tout à fait. Sans être mauvaises, les mélodies y sont un petit peu moins marquantes.
La chanson-titre est un excellent exemple de ce qu’elle est capable de faire : elle mélange la théorie des « chemtrails » avec l’astrologie et d’autres croyances aléatoires ancrées dans l’imaginaire collectif qu’elle transforme en quelque chose de mondain. Elle regarde les traînées comme étant quelque chose de beau et romantique. Le tout véhiculé par une solide mélodie et une instrumentation parfaite pour le ton. D’ailleurs, on retrouve encore une fois Jack Antonoff derrière la plupart des arrangements. Le duo Del Ray / Antonoff est taillé sur mesure, l’un pour l’autre, et les résultats sont au rendez-vous.
Le même procédé est utilisé pour jouer sur les mots et les concepts et il se répète sur Tulsa Jesus Freak où Del Rey joue sur la notion de « White Hot »; une expression qui signifie que quelque chose est tellement chaud qu’on peut y percevoir une sorte de lumière blanche. Cette expression s’applique aussi aux journées de canicule dans le sud des États-Unis. Del Rey, elle, l’utilise en faisant référence à un couple qui serait l’idéal dans l’imaginaire états-unien : blancs, chrétiens et beaux.
White Dress voit Del Rey essayer des choses vocalement qui surprennent un peu, de prime abord, mais qui finissent par plaire. Ce n’est pas le genre de proposition qui trouve facilement sa niche dans l’oreille avec les bouts presque chuchotés et les phrases précipitées. Ça fait son chemin par contre.
On parlait plus tôt d’intimité : Dark But Just A Game est un bon exemple de ce côté intéressant sur Chemtrails Over the Country Club tout comme Yosemite. C’est aussi un album qu’elle a dédié aux amitiés fortes. Elle cristallise le tout à travers la reprise de For Free de Joni Mitchell en compagnie de Zella Day et Weyes Blood.
Si l’ensemble possède moins de profondeur que Norman Fucking Rockwell!, ça demeure une très belle sortie, avec de la légèreté et une certaine candeur émotionnelle, qui est plaisante à écouter. Elle n’a pas à rougir du tout!