Critiques

Mark Lanegan Band

Somebody’s Knocking

  • Heavenly Recordings
  • 2019
  • 57 minutes
7,5

Dans le rock, Mark Lanegan est une valeur sûre. Que ce soit pour ses escapades créatives avec Isobel Campbell (Hawk), avec Duke Garwood (With Animals, Black Pudding), en mode solo ou encore avec son groupe, le vétéran est incapable de médiocrité. On ne se lasse jamais de cette voix granuleuse, un peu lendemain de veille. En 2017, l’Américain nous proposait l’excellent Gargoyle qui intensifiait son affection pour les sonorités électroniques.

La semaine dernière, le ténébreux chanteur revenait à la charge avec un nouvel album : Somebody’s Knocking; disque conçu sous l’appellation Mark Lanegan Band. Sur cette 11e création studio en carrière, Lanegan rameute son vieux pote Alain Johannes – musicien-réalisateur qui a déjà travaillé avec Queens of the Stone Age – et plonge à fond dans la synth-pop et le rock alternatif des années 80 aux accents gothiques.

Aux premières écoutes, vous serez littéralement assommés par le bombardement d’influences que vous entendrez : Depeche Mode, Human League, The Psychedelic Furs, The Cure, Joy Division, New Order, Wall of Voodoo, Sisters of Mercy, Alan Vega… et on pourrait allonger la liste encore longtemps.

Toutefois, toutes ces aveuglantes influences, auréolées de la voix distinctive de Lanegan, prennent leur sens au fil des écoutes. Cet album, aussi élégant (War Horse) qu’abrasif (Disbelief Suspension), est fortement crédibilisé par l’approche vocale de ce rockeur bourru. De plus, les guitares sont plus présentes comparativement aux récents efforts du bonhomme (Phantom Radio, Blues Funeral).

Toutefois, la réalisation manque de distance par rapport à tous ces ascendants sonores mentionnés ci-haut, comme si Mark Lanegan posait sa voix sur des chansons inachevées et un peu plaquées. On y décèle un certain manque de naturel dans la livraison générale, mais ça n’amenuise en rien l’appréciation de ce disque… particulièrement si vous êtes un fanatique de tous ces groupes nommés précédemment.

Sans être émouvant comme Gargoyle, Somebody’s Knocking renferme de bons moments, Dark Disco Jag et Gazing From the Shore en tête de liste. Lanegan se permet même une incursion réussie dans une contrée dansante avec Penthouse High; chanson que n’auraient pas reniée Martin Gore et David Gahan de Depeche Mode. Playing Nero, Name and Number et She Loved You auraient pu appartenir au catalogue de chansons de New Order. Night Flight to Kabul fait penser à Sisters of Mercy et le refrain de Letter Never Sent est d’une redoutable efficacité.

Encore une fois, Lanegan nous prouve qu’il se hisse lentement, mais sûrement, dans la cour des grands de l’histoire du rock américain. Même s’il n’a pas encore créé sa grande œuvre, l’excellence de ses productions lui permet d’obtenir le respect de ses pairs et d’un nombre grandissant de mélomanes.

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