Yo La Tengo
Stuff Like That There
- Matador Records
- 2015
- 46 minutes
L’heure est aux aveux. Votre vieux punk arthritique n’est pas friand des albums de reprises et pour toutes sortes de raisons qui seraient inutiles d’énumérer ici. Quand c’est Yo La Tengo qui célèbre son trentième anniversaire d’existence en se prêtant à cet exercice, on porte attention avec curiosité. C’est cette semaine que paraît Stuff Like That There qui regroupe une panoplie de chansons écrites par des artistes tels que Hank Williams, The Cure, The Lovin’ Spoonful (pour ne nommer que ceux-là), incluant des relectures de morceaux composés par le groupe lui-même ainsi que deux nouvelles ritournelles titrées respectivement Awhileaway et Rickety.
La dernière parution en date? Fade en 2013. Un bon disque contemplatif… et on retrouve maintenant la formation en format «live» avec Ira Kaplan à la guitare acoustique, Georgia Hubley qui garde le rythme sobrement, James McNew qui officie à la contrebasse et un ancien acolyte se joint au trio à la guitare électrique, le bien nommé James McNew. Comme vous le constaterez, à l’écoute de ce disque, vous aurez dans les oreilles un enregistrement assez minimaliste, merci, mais qui met en lumière la forte identité sonore de Yo La Tengo. Même si le quatuor s’aventure dans l’univers du «cover», il le fait en gardant intacte sa personnalité musicale.
On reconnaît aisément les pièces même si le groupe y ajoute clairement sa touche et bien franchement, c’est ce que devrait toujours être le résultat escompté d’un disque majoritairement composé de reprises. Il n’y a absolument rien d’intéressant à entendre des versions parfaitement copier/coller de chansons existantes. Ici, on aime les fortes personnalités artistiques et les prises de risques accentuées. Sur cet aspect, on tire notre révérence à Yo La Tengo!
En contrepartie, l’atmosphère intimiste et duveteuse (un peu pépère, il faut l’avouer) de cette sitedemo.cauction pourrait rebuter les amateurs d’esbroufes ostentatoires. C’est très très tranquille… On pense souvent au Belle And Sebastian des débuts; la charge émotive en moins bien sûr. Bref, ce disque est parfait pour une fin de soirée estivale regroupant des invités pas mal imbibés d’alcool qui ont envie d’étirer sans fin la soirée.
Parmi les moments prisés qu’on a particulièrement affectionné, on note le I’m So Lonsome I Could Cry d’Hank Williams, les superbes guitares arpégées et les nuances rythmiques entendues dans The Ballad Of Red Buckets (tiré de l’album Electr-o-pura), la mouture folk-country de Friday I’m In Love des Cure (qui consent une dose de maturité appréciable au texte assez «adulescent» de Robert Smith), la «velvetienne» Automatic Doom ainsi que l’inédite Awhileaway.
Oui, c’est un autre album de «cover» qui est révélé aux mélomanes, mais celui-ci vaut quand même le détour, ne serait-ce que pour tendre l’oreille à un groupe détenant un son reconnaissable à mille lieues et qui a accumulé trente années d’existence au compteur. Un exploit qui mérite d’être souligné en caractère gras parce cette stabilité a été acquise avec une totale intégrité et sans aucune once de racolage. Un exemple à suivre en ce qui nous concerne…
Ma note: 6,5/10
Yo La Tengo
Stuff Like That There
Matador Records
46 minutes
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