Trash Talk
No Peace
- Odd Future Records
- 2014
- 32 minutes
Un peu pour nous rappeler que leur groupe est le seul projet hardcore poulain d’une maison de disques hip-hop (celle d’Odd Future), les gars de Trash Talk ouvrent ce nouvel opus avec une pièce instrumentale à gros beat bien sale réalisée en collaboration avec The Alchemist. Rassurez-vous tout de suite puisque dès Jigsaw, on retombe en terrain connu et on retrouve cet enragé de Lee Spielman en très grande forme pour un album de plus de trente minutes, soit l’équivalent, en temporalité hardcore, de The Wall (moins les redondances).
Le premier extrait, Cloudkicker, nous donnait un peu l’impression que le groupe se dirigeait vers un territoire plus accessible étant donné le petit côté accrocheur du refrain de ladite chanson. Fort heureusement, c’est faire fausse route que de penser que ce groupe de New-Yorkais carburant à l’agression et au chaos sera le prochain Black Keys. La différence principale avec leurs oeuvres antérieures, intégralement tapissées de haine, c’est que désormais, le groupe contrôle davantage ses attaques en se donnant parfois la liberté de faire appel à la traditionnelle formule couplet-refrain-couplet. Pas de gêne les gars, c’est pas un crime et vous êtes pas moins épeurant pour autant.
Parmi les moments les plus jubilatoires de No Peace, on retrouve Leech, qui donne le goût de se battre contre des dobermans avec un rouleau à pâte dans une tornade de tarentules ainsi que Prometheus… qui donne le goût de se battre contre des rouleaux à pâte avec une tarentule dans une tornade de dobermans. Enfin, vous voyez le genre. Ça ne ralentit pas beaucoup avant de revenir presque au point de départ avec une autre rengaine instrumentale réalisée par The Alchemist, histoire de boucler la boucle à la toute fin. Sauf que ce n’est pas la fin!
Parmi les deux pièces offertes en prime, on retrouve Stackin’ Skins. Il s’agit d’une collaboration sludge-hardcore-rap enregistrée avec Wiki de Rat King et ce rouquin de King Krule qui nous permet de fantasmer sur ce que serait un band de musique lourde dont il serait le leader. Pas mal du tout!
En terminant, pour bien comprendre l’impact de la musique de Trash Talk, il faut voir à quel point c’est engageant en spectacle. Peu de groupes du genre peuvent se vanter de déployer une telle énergie. J’ose imaginer que le public de Tyler The Creator et Earl Sweatshirt est subjugué de la même façon que l’était celui des premiers concerts de Black Flag au début des années 1980. C’est d’ailleurs un choix très intelligent de la part du collectif de L.A. que de donner accès à une tout autre culture à son public essentiellement versé dans le hip-hop.
Ma note: 8/10
Trash Talk
No Peace
Odd Future Records
32 Minutes
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