Sarah Toussaint-Léveillé
La mort est un jardin sauvage
- Indépendant
- 2016
- 49 minutes
Une voix chaleureuse, mais mélancolique, claire. Des arrangements de corde ultra présents. Une poésie triste. La mort est un jardin sauvage est un bon deuxième disque, mais qui manque de personnalité.
Après une première écoute, on se remémore le premier album d’Ariane Moffat, Aquanaute. On pense aussi à Klô Pelgag, surtout pour la pièce J’ai perdu un ami, mais avec moins de pétillants et de folie. Quand elle chante en anglais, Sarah Toussaint-Léveillé évoque alors les bonnes années de Pascale Picard. Du côté des paroles, on pense tout de suite à Catherine Major. Et pourtant, aucun défaut sur La mort est un jardin sauvage. Juste qu’il est tellement lisse, cet album, qu’on y glisse sans s’arrêter.
Les pièces sont relativement longues pour la sitedemo.cauction actuelle (autour de 4 à 5 minutes chacune) et permettent de développer des univers musicaux ficelés de cordes magnifiques, la plupart des arrangements cosignés par le coréalisateur de l’album, Josh Dolgin (mieux connu sous le nom de Socalled). Près de quinze musiciens auront prêté leur talent pour l’opus, mais le cœur de l’équipe est composé de Benoît Morier à la guitare, à la basse et aux percussions, Virginie Reid au piano, Pemi Paull au violon, Cédric Dind-Lavoie à la contrebasse et Marie-Soleil Bélanger au violon baryton.
Sur l’opus, le ton est parfois blues, comme sur Wake Up Without A Passion, où le refrain chante: «A little bit of music/A little bit of wine/A nice joint in the morning/To loose(n) my mind/And I’ll make it through». À d’autres moments, on est plutôt dans le folk, comme sur la magnifique Mille et un cris, pleine d’images fortes sur le désarroi et la solitude: «Tu couvres/De mille et un cris/L’hiver sourd/Assis sur tes mains». Souvent, on est dans la pop orchestrale comme avec Prison voyageuse qui évoque le spleen et la crise identitaire: «Et poussent et poussent/encore les cicatrices/Cette puissante constellation/Qui creuse en moi/Une maison/De poussière et de tisons».
L’escargot, qu’on avait déjà pu entendre en version voix-ukulélé en 2012 s’est doté d’une esthétique de vieille chanson française. Attention, la mélodie reste engluée dans le canal auditif!
Accouchement, pertes, deuil, passage à l’âge adulte: La mort est un jardin sauvage aborde avec créativité, mais aussi un peu trop de rimes des thèmes variés et souvent mélancoliques.
La mort est un jardin sauvage se termine sur la chanson «feel-good» Dans mon cahier (La musique me glisse entre les doigts), qui reprend Au clair de la lune le temps de quelques vers, vire en anglais le temps d’un couplet, devient presque rappé, puis scat, puis «spoken-word» à la Jean Leloup.
Par rapport au premier album, La mal lunée, la voix de Sarah Toussaint-Léveillé a gagné en maturité, son écriture s’est assouplie. Il lui reste encore à se démarquer, à trouver sa voix, parce que sa plume mérite de briller, de se délaisser des rimes dans toutes les chansons, et qui sait, de repasser par la simplicité pour pouvoir s’éclater de plus belle.
Ma note: 7/10
Sarah Toussaint-Léveillé
La mort est un jardin sauvage
Indépendant
49 minutes