Safia Nolin
Reprises Vol. 1
- Bonsound
- 2016
- 31 minutes
Safia Nolin en a vu de toutes les couleurs dans les dernières semaines. D’un côté, le colon québécois a déversé sur elle son fiel pour son habillement au gala de l’ADISQ, puis elle a reçu une vague d’amour de ceux qui ont une tête sur les épaules. Malgré des messages qui lui ont rappelé des mauvais souvenirs d’une époque beaucoup plus difficile de sa vie, cela lui a donné une visibilité qu’elle mérite pour son excellent Limoilou. De toute façon, gagner « révélation de l’année » semble attirer les bêtises; on se rappellera que Klô Pelgag s’était fait fustiger pour son discours de remerciement il y a deux ans.
Bref, certaines personnes au Québec telles que Denise Bombardier, Nathalie Petrowski et Sophie Durocher aiment bien ça quand c’est propre propre propre. Nous au Canal Ausitif, on aime ça crasse. On aime l’imperfection, la couleur, la folie, la magie pis toutes ces choses qui font en sorte que la vie mérite d’être vécue. Je m’égare dans le monde des matantes, revenons au sujet principal, l’album de reprises de Safia Nolin.
Est-ce que les bons gestionnaires de chez Bonsound ont flairé le bon coup? Peut-être. Est-ce que Safia Nolin fait des reprises depuis ses débuts? Oui. Alors, laissons cette question futile de côté dès le début. Plutôt que de parler de mercantilisme, concentrons-nous sur la musique. Et disons-le d’office, Nolin n’écoute pas pantoute les mêmes records que la plupart des collaborateurs du Canal Auditif. Est-ce que c’est un mauvais album pour autant? Non. Et c’est ça qui est fâchant.
Je ne pensais pas un jour dire que C’est zéro de Julie Masse était écoutable? Non. Parce que ce qu’on oublie souvent, ce n’est pas juste les mots ou la mélodie qui font la beauté d’une chanson. L’interprétation y est pour beaucoup. Et son C’est zéro est pas mal plus près de Cat Power ou Scout Niblett que de Masse. C’est beau à s’ouvrir les veines. Parce que Safia Nolin possède une chose que bien des interprètes voudraient avoir : de l’âme dans la voix. La profondeur des émotions qu’elle réussit à insuffler à ses chansons est tout simplement magnifique. C’est sûr que le texte de Calvaire des imbuvables La Chicane n’est pas soudainement bien écrit. Non, il y a encore des fautes de français grosses comme le bras, mais Nolin la rend digeste. Ce n’est pas rien. Même quand elle chante : « dans mes erreurs les plus pires ». On se demande parfois si Boom était en 5e année du primaire quand il l’a écrit.
Parmi les reprises, on retrouve la sublime version de Laisser l’été avoir 15 ans qui démontre que de réduire le nombre d’instruments est parfois la solution pour faire d’une chanson un bijou. Et que dire de son Ayoye de Gerry Boulet (oui, le même Gerry qui lui a valu tant de haine) qui est tout simplement parfait. Nolin nous rappelle de garder l’esprit ouvert et c’est une belle leçon d’humilité.
Est-ce que ces reprises sont plus intéressantes que ses chansons à elle? Non. Mais c’est tout de même un album qui rappellera à certains les artistes que leurs parents écoutaient. En tout cas, quand j’écoute Entre l’ombre et la lumière, ça me ramène dans le salon chez mes parents à quelques jours de Noël avec les lumières de l’arbre qui illumine la pièce plongée dans le noir alors qu’une bonne épaisseur de neige recouvre le gazon en avant. Et juste pour cet élan de nostalgie, Safia Nolin aura visé juste.
Ma note: 7/10
Safia Nolin
Reprises Vol.1
Bonsound
31 minutes