Critiques

Pixies

Head Carrier

  • Pixies Music
  • 2016
  • 34 minutes
5

PixiesLe plus récent effort des Pixies, Indy Cindy (2013), est sans contredit leur plus mauvais disque (de loin!) dans une discographie de luxe. Notre collaborateur et ami, Charles Laplante, avait octroyé à cette inutilité une note acceptable, mais je n’étais pas d’accord avec l’opinion de notre respecté rédacteur. Ça arrive. Que ce soit Surfer Rosa (un grand disque!), Doolittle, Bossanova ou encore Trompe Le Monde, toutes ces créations sont aujourd’hui considérées comme des classiques du rock alternatif états-unien, et malheureusement, Indy Cindy était un disque de paresseux conçu par un groupe totalement désuni.

Les relations interpersonnelles dans ce groupe ont toujours été marquées par une incommunicabilité totale entre les membres… particulièrement entre Kim Deal et Black Francis/Frank Black/Charles Thompson, l’omnipotent leader du quatuor. Depuis la parution de cette création, Kim Deal a quitté le navire afin de faire place à Paz Lenchantin.

Et ce changement laissait présager le meilleur, surtout après avoir entendu l’excellent premier extrait de ce Head Carrier, sitedemo.cauction parue la semaine dernière. En effet, on retrouve toute la folie, la hargne et l’énergie rock qui caractérise la musique des Pixies dans cette seule et unique Um Chagga Lagga. Sans blague, cette chanson, c’est du Pixies comme on l’aime.

Alors, ce Head Carrier? C’est un disque correct, meilleur qu’Indy Cindy (pas dur à battre!), mais qui est très très loin des hauts standards établis par les classiques mentionnés au premier paragraphe. Sincèrement, même si j’ai tripé ma vie sur ce groupe, il est grand temps de mettre fin à l’aventure avant que l’étoile scintillante des Pixies ne pâlisse à jamais.

Et pourquoi les Pixies devraient-ils s’arrêter une fois pour toutes?

1) Le batteur David Lovering se contente de garder le rythme de manière peinarde. Je soupçonne qu’il est incapable d’en donner plus, lui qui a déjà prouvé dans le passé qu’il était en mesure de performer avec une certaine adresse.

2) Où est Joey Santiago? Lui qui nous avait habitués à de magnifiques dissonances et une jeu de guitare inventif. Il est totalement absent de ce Head Carrier. À moins qu’il soit en déficit créatif majeur ou que le corpulent meneur des Pixies limite sa créativité, qui sait? Dommage.

3) Le gros Thompson (soyez sans crainte, il est capable d’en prendre… ce monsieur peut être parfois imbuvable) écrit dorénavant des chansons qui visent à le satisfaire lui… et lui seul! Tout le côté nerveux, hargneux et fou des Pixies a disparu au profit d’un songwriting indolent et balourd, à l’image du bonhomme. Et je doute fort que Charles Francis Black fasse appel au talent de ses accompagnateurs pour améliorer ses chansons…

Une seule réjouissance au programme et c’est le travail mélodique impeccable de la nouvelle venue Paz Lachentin qui remplace, et surpasse même, le récent travail de Kim Deal.

Cela dit, Head Carrier n’est pas le navet escompté, mais pour un groupe qui a joué le rôle de «game changer» à la fin des années 80, ce n’est clairement pas suffisant. Quelques bonnes chansons font le travail en plus de l’étonnante Um Chagga Lagga. Je pense aux hurlements parfaits du bonhomme Thompson dans Baals Back, à l’imparable refrain qui caractérise Tennement Song, à la typiquement Pixies titrée Oona de même qu’à la dynamique Talent. Hélas, par moments, on croirait entendre un groupe rock qui carbure exclusivement à la tisane à la camomille. Soporifique et anti-rock, les Pixies sont désormais à classer dans l’insipide catégorie nommée «gérontorock».

Dieu sait que j’ai adulé ce groupe, mais là, il est grand temps pour les Pixies de remiser l’équipement une fois pour toutes avant que le préjugé favorable pour ces has-been disparaisse totalement. Je pense qu’on a vraiment fait le tour.

Ma note: 5/10

Pixies
Head Carrier
Pixies Music
34 minutes

http://www.pixiesmusic.com/