Critiques

Phil Selway

Weatherhouse

  • Bella Union
  • 2014
  • 37 minutes
7

16905-weatherhouseAprès l’inattendu album de Thom Yorke titrée Tomorrow’s Modern Boxes (que l’ami Labrèche a présenté fin septembre), un autre Radiohead, le batteur Phil Selway celui-là, faisait paraître la semaine dernière Weatherhouse. En 2010, l’acolyte le plus âgé de l’adulée formation anglaise avait fait paraître un Familial qui lorgnait vers des sonorités acoustiques aux arrangements minimalistes. De prime abord, ce Weatherhouse semblait moins attractif que le Tomorrow’s Modern Boxes du visage certifié de Radiohead, mais la parution de ce disque piquait quand même notre curiosité.

Et notre soif d’approfondir l’univers musical de Selway fut amplement récompensée. Offrant des orchestrations plus complexes que le précédent offert, on s’aperçoit rapidement que le métronome Selway s’impose comme le principal gardien de la facette organique de Radiohead. En plus du jeu percussif précis et inventif de Selway, s’ajoutent violons imposants, xylophones lunaires, violoncelles vacillants, chœurs angéliques ainsi que cette voix consolatrice noyée dans la réverbération; la guitare acoustique étant le seul élément terre à terre de ce Weatherhouse.

Cette sitedemo.cauction est balisée par une léthargie bouleversante qui demandera au mélomane un effort auditif accentué, mais qui sera couronné au fil des auditions. Malgré quelques inflexions vocales calquées à s’y méprendre sur celle de son comparse Thom Yorke (voir la ressemblance mélodique qui unit Ghosts à Exit Music (For A Film) paru sur OK Computer), Selway fait un excellent travail, proposant une voix qui enrobe, qui rassure.

Bien entendu, les progressions d’accords «radiohead-esques» sont légion, mais ici, on ne s’en est pas formalisé. Après tant d’années à créer avec les mêmes humains, il est tout à fait coutumier d’incorporer sans le vouloir certaines mimiques musicales… peut-être une analogie à faire avec les habitudes des vieux couples… Bref, Selway nous présente un disque totalement mature, d’une délicatesse enveloppante et qui mérite que vous y prêtiez l’oreille attentivement.

Selway suggère un assemblage chansonnier cohérent et constant qui ne contient que très peu de failles. On fait référence à la technique «rimshot» utilisée à la batterie mettant en évidence le penchant hypnotique de Coming Up For Air, la majestueuse Let It Go, la touchante Ghosts, la beatlesque It Will End In Tears, la déclaration d’amour universaliste titrée Don’t Go Now de même que la rythmique tribale/toute en retenue bonifiant Turning It Inside Out.

Dommage que ce musicien humble et discret ne reçoive pas un intérêt plus marqué, car Selway, en plus d’être un batteur d’une indéniable créativité, possède un convaincant talent de songwriter. Naturellement, ce Weatherhouse ne sera sans doute pas l’album de l’année, mais il constitue un délicieux hors-d’oeuvre avant l’avènement d’un nouveau Radiohead. Phil Selway n’a pas à rougir de honte. De la bien belle besogne.

Ma note: 7/10

Phil Selway
Weatherhouse
Bella Union
37 minutes

www.philipselway.com

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