Minsk
The Crash & The Draw
- Relapse Records
- 2015
- 74 minutes
Chicago, c’est la ville de Steve Albini, Jesus Lizard, Dwarves, Shellac, Ministry pour ne nommer que ceux-là. Plus récemment, on y a découvert les Pelican, Lair Of The Minotaur, Yakuza, Locrian et Russan Circles. La scène heavy se renouvelle bien dans la Ville des Vents et son ascendant doom-sludge/post-métal a tout pour plaire à l’amateur averti. La formation Minsk émane aussi de la métropole de l’Illinois, et son plus récent gravé, The Crash & The Draw s’inscrit non pas dans un «son Chicago», mais bien plus dans une «manière» des groupes mentionnés ci-haut. Mais c’est aussi bien plus!
En soixante-seize minutes, Minsk nous entraîne dans un long périple. On est tantôt transporté dans un univers proche de celui de The Atlas Moth, pour l’éther, tantôt Tombs, pour les charges sludge aux lourds accents doom. Mais chez Minsk, il y a en plus cet aspect solennel des grandes (et tristes) occasions. Un peu comme on le retrouve chez Pallbearer et Yob par exemple. Cette atmosphère de ses propres funérailles ou de messe du jugement dernier. C’est hermétique, lourd, émotif – dans le sens d’écorché – le tout dans une inconfortable théâtralité.
Les voix, en chorale, la force de frappe des guitares, comme leurs déclinaisons en diverses ambiances, sont les éléments centraux de cette ténébreuse procession.
Et ça commence en force après la douce introduction de To The Initiate. On s’enfonce davantage avec Within And Without, épique morceau qui contient tous les éléments de The Crash & The Draw, en près de huit minutes. Suit le long concerto Onward Procession, dont les quatre parties nous précipitent dans les abysses. C’est là le coeur de l’expérience. Minsk y voyage d’un registre à l’autre, y variant les intensités et les textures. Dans le relâchement qui suit où, on se sort la tête de l’eau, non loin des sonorités entendues chez Mouth Of The Architect (The Way Is Through, superbe, impériale!).
Et on finit tout ça comme on l’a amorcé. En puissance. Qui vous rouleau-compresse. Et même si dans les moments «qui bûchent» on est tout à fait dans l’univers de Minsk, le quatuor étonne ici par la densité de son matériel, même dans les vaporeuses transitions et les énigmatiques mises en abîme.
Si certains mélomanes ont remarqué que l’ensemble était somme toute assez linéaire, je répondrais: n’est-ce pas justement le propre du post-métal?
Ici, sur près d’une heure vingt minutes, on reste captivé par l’assemblage de Minsk (probablement parce que captif de ce sable mouvant!) Album de l’année donc? Il est trop tôt pour se prononcer, mais il n’y a pas à dire, il s’agit d’une oeuvre colossale, sombre et pesante, de grande qualité.
Depuis trois ans sur la scène post-métal, le public et la critique célèbrent des propositions musicales originales, aussi denses que magistrales. En 2012, il y a eu Pallbearer. En 2013, Deafheaven. En 2014, Yob. En 2015, ce pourrait bien être Minsk.
Ma note: 8/10
Minsk
The Crash & The Draw
Relapse Records
74 minutes
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