Critiques

Marissa Nadler

Strangers

  • Sacred Bones Records
  • 2016
  • 50 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Marissa NadlerS’il y a une auteure-compositrice-interprète que l’on respecte ici, c’est bien Marissa Nadler. Proposant un folk rock gothique vaporeux, parfois country, la musicienne roule sa bosse depuis 2004. Il y a deux ans, elle nous avait gratifiés d’un autre excellent disque, titré July, sur lequel la dame peaufinait son songwrting tout en accentuant le penchant interstellaire de sa musique. Marissa Nadler n’a pratiquement aucun disque faiblard dans sa discographie.

La semaine dernière, elle était de retour avec un 8e album studio intitulé Strangers. Et cette fois-ci, Marissa Nadler pourrait bien convaincre un public un peu plus vaste, car elle présente son meilleur album, rien de moins! Les thèmes de la solitude, du désespoir, de la fracture émotionnelle et de la désillusion sont au cœur des chansons de ce nouvel effort. Mais ce qui le distingue des autres parutions du même acabit, c’est le paysage sonore qui s’anime à l’arrière-plan de ce folk duveteux. Larsens, claviers éthérés et orchestraux, bidouillages, harmonies vocales célestes, guitares saturées viennent propulser la musique de Nadler dans la stratosphère… mais dans une atmosphère qui demeure résolument mélancolique. Une sorte de «folk goth» sidéral. Du Chelsea Wolfe en mode folk rock!

Et si vous ajoutez à ce mélange, une panoplie de chansons mélodiquement nuancées, interprétées avec retenue, vous vous retrouverez dans les oreilles avec l’une de meilleures parutions de l’année en cours. Ce Strangers sonne «large» et c’est surtout le travail de mixage qui mérite d’être souligné à gros trait. La voix immatérielle de Nadler flotte au-dessus de la musique dans les moments plus orchestrés et se plaque contre nos conduits auditifs lors des instants plus dépouillés.

Même si ce Strangers perd un peu de rythme en fin de parcours, on ne peut que saluer les cinq grands morceaux qui font de ce disque le nec plus ultra du corpus de Nadler. D’entrée de jeu, elle nous captive avec quatre d’entre eux: la pianistique Divers Of The Dust, la solennité contrôlée entendue dans Katie I Know, l’inclinaison folk-western-spaghetti fantomatique dans Skyscraper de même que la pièce de résistance, Hungry Is The Ghost, dont la charge émotive fait sérieusement penser à Your Love Is Killing Me de Sharon Van Etten, titre paru sur Are We There (2014). Janie In Love vient compéter ce quintette de choix et est caractérisée par la mélodie variée et accrocheuse de Nadler.

L’amplitude, la clarté du son d’ensemble et tout ce qui gravite autour des chansons en tant que telles font de ce disque une totale réussite. Ceux qui l’aimaient vont l’aduler et ceux qui ont envie de parfaire leur relation avec l’artiste verront celle-ci se solidifier pour un bon bout de temps. On verrait très bien Wolfe et Nadler s’acoquiner ensemble dans un projet commun tant leur univers est aussi semblable que complémentaire. Adeptes de folk singulier, ne passez pas à côté de cet album. Beau et triste à la fois.

Ma note: 8,5/10

Marissa Nadler
Strangers
Sacred Bones Records
50 minutes

http://www.marissanadler.com/

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