Oh, qu’il nous a semblé prometteur ce premier disque solo de Jimi Goodwin, le leader de la formation anglaise Doves. Odludek mise d’abord sur Terrecotta Warrior pour nous faire pénétrer en son sein. Belle idée: la puissance qui s’en dégage permet de rêver. On se retrouve ici devant des guitares distorsionnées sonnant l’alarme, alors que la voix éraillée de Goodwin retient une certaine hargne que nous souhaitons alors voir s’extérioriser. Puis viennent les trompettes et le coup de gong de la grosse cymbale. Nous sommes conquis!

Mais nous déchantons subitement, dès cette plage musicale consommée. Que se passe-t-il ? Il se passe que Jimi Goodwin se met en tête de nous démontrer que oui, s’il maîtrise à merveille les arrangements rock anglais, il est capable de plus et surtout de différent. Il propose donc un changement de rythme et de style. Suivent à cette première chanson la pop noire Didsbury Girl, puis une ouverture tout en synthétiseur et percussion pour Live Like A River, de même que des arrangements provenant tout droit de la piste de cirque pour Man V Dingo.

C’est plutôt quand l’auteur-compositeur-musicien et réalisateur appuie sur la pédale du rock convenu qu’il nous fait passer de beaux moments. Heureusement, il y en a quelques-uns.

Soulignons ce qui nous semble être la pièce maîtresse du disque, la chanson Oh! Whiskey, qui mise sur la vocalise du chanteur – pas vilaine par ailleurs – et sur un changement de tempo en milieu de parcours dans sa construction. On apprécie l’arrivée de l’harmonica et du piano, après une première partie déroulée grâce au tempo d’une guitare sèche et d’une basse bien appuyée. On pense alors à Elbow, mais en plus rock (Coïncidence? Jimi Goodwin fait la première partie de l’actuelle tournée du groupe). Le texte est également intéressant, alors que le protagoniste souligne la force que lui octroie la chaude boisson… mais qui n’est en fait qu’illusion à une mélancolie latente. Savoureux.

«Oh! Whiskey give me patience/Oh! Whiskey give me truth/Oh! Whiskey give me empathy/Just don’t give me the blues»

On écoute et réécoute Odludek. On a cette impression que les pièces plus conventionnelles ont été apposées pêle-mêle entre ce que l’on se doit de nommer des écarts musicaux. Dommage, mais pour son premier tour de piste en solo, Jimi Goodwin veut trop épater la galerie. On ne lui en demandait pas tant.

Ma note : 6,5/10

Jimi Goodwin
Odludek
Heavenly Recordings
43 minutes

jimigoodwin.com

[youtube]https://www.youtube.com/watch?v=HlY_fg65CVQ[/youtube]