Critiques

Émile Bilodeau

Rites de passage

  • Grosse Boîte
  • 2016
  • 40 minutes
7

Émile BilodeauPremier album d’Émile Bilodeau, Rites de passage raconte les détours d’un jeune cégépien en quête de lui-même, un sujet bien près du musicien dans le début de la vingtaine. Bilodeau, qui s’est fait connaître du public et de l’industrie par ses passages remarqués au Festival international de la chanson de Granby (8 prix en 2014) et aux Francouvertes (finale de la 19e édition), poursuit effectivement ses études au cégep Édouard-Montpetit en parallèle de sa carrière bien entamée de musicien.

Rites de passage propose un folk parfois rock, parfois chansonnier. La guitare partage la belle part avec la voix. À plusieurs moments, les liens de parenté musicale entre Philippe Brach et Émile Bilodeau se tissent et puis, tiens, il y fait référence sur Je suis un fou: «J’arrive à faire croire aux filles du Lac que j’t’un grand chum à Philippe Brach». On pense aussi à Bernard Adamus, dans les riffs et dans les thèmes, mais avec quelque chose de plus mélancolique. Parfois, la beauté de la guitare rappelle Pépé, comme dans l’irrévérence des paroles. Pourtant, Émile Bilodeau a plutôt pour mentor Philippe B, dont l’influence à la réalisation se fait discrète.

Le travail de parolier de Bilodeau s’ancre dans son époque, avec des références aux réseaux sociaux (Dehors: «J’t’un peu perdu, mais y a Facebook/Pour me rappeler qu’y pleut dehors»), à YouTube (Crise existentielle), aux textos et aux Pokémons (J’en ai plein mon cass: «Mais je parie que Pikachu serait pas content/De savoir que j’m’en vais devenir un homme/Et que je devrai me séparer de toutes mes cartes Pokémon/Ah shit…»), aux joggings mous de l’impro… Et ça parle beaucoup d’école, ce premier album, sur quasi chacune des chansons. Peut-être est-ce pour cela que l’album ne m’accroche pas? Je ne suis pas son public cible.

N’empêche que parfois, le courant passe. Amour de félin, balade avec des relents de Jean Leloup, fait encore une fois référence à l’école («j’fais des cauchemars sur mon bureau/Ouais j’dors en classe, mais c’est pas bien/C’est rare que j’passe mes examens»), mais se démarque surtout par son cynisme. L’amour se transforme en «rebound», puis en flattage de chat «Parce que de l’amour de félin/C’est toujours mieux que rien».

Dehors est une pièce hommage à Dehors novembre des Colocs. Les paroles, un brin humoristiques, contrastent avec la tristesse du propos: «Si la vie c’est d’la marde/Ben j’ai fourni en laxatif».

L’abum se clôt sur «Ça va», une chanson inspirée par le décès du grand-père de Bilodeau. Le personnage, après la perte d’une personne aimée, croise plusieurs personnages, dont Dieu lui-même, qui lui offrent un lift vers la mort. Le narrateur décline, et chante «Non, ça va, je vais marcher/Je vais marcher».

Somme toute généreux comme premier album (treize chansons), Rites de passage ravira les fans d’Adamus, de Brach, les cégépiens et les cégépiennes et ceux qui aiment les chansons-histoires. La qualité des textes et les mélodies accrocheuses promettent un riche futur pour Émile Bilodeau.

Ma note: 7/10

Émile Bilodeau
Rites de passage
40 minutes
Grosse boîte

http://emilebilodeau.ca/