The Brian Jonestown Massacre
Revelation
- A Records
- 2014
- 58 minutes
La semaine dernière, Anton Newcombe revenait à la charge avec un quatorzième album studio, sous la dénomination de The Brian Jonestown Massacre, intitulé simplement Revelation. Après avoir fait paraître en 2012 le fort satisfaisant Aufheben, The Brian Jonestown Massacre (le batteur Ricky Maymi est le seul membre original encore présent) présente toujours ce sublime alliage de psychédélisme, de shoegaze, de new-wave et de folk rock. Pour cette fois, les effluves expérimentaux disparaissent au profit d’une approche beaucoup plus intelligible.
Pas de drogues dures, pas de rixes inutiles, pas de maître spirituel à combler, juste la simple et fort louable volonté de sitedemo.caiguer un bon album. Le psychédélisme néo-hippie détenant quelques relents de new-wave cède sa place à un folk rock lysergique plus accessible ainsi qu’à quelques ritournelles aux accents krautrock plus prononcés. Ce qui distingue ce Revelation du précédent effort est sans contredit l’apparente linéarité et la répétition de la même progression d’accord au cours d’une seule et même chanson, accentuant l’effet hypnotique et ensorcelant de la musique de The Brian Jonestown Massacre.
Ce qui pourrait passer pour un manque flagrant d’inspiration ou encore pour de la paresse créative, et ce, chez n’importe quel musicien, se transmute en une direction artistique assumée et parfaitement cohérente du côté de Newcombe. L’héritage sonore, les années d’expérience accumulées au compteur de même que le talent naturel d’arrangeur de Newcombe permet à cette musique élémentaire/rectiligne de captiver sournoisement, même si on se surprend à rêvasser à certains moments. L’homme continue d’être illuminé et inspiré (par on ne sait trop quoi) et on se laisse aisément prendre par ces ritournelles hallucinogènes, exhibant de prime abord une façade linéaire, mais qui laisse poindre quelques soubresauts sonores grisants au fil des écoutes.
Newcombe est un fanatique quasi maniaque en ce qui concerne l’ordre idéal des morceaux se profilant sur une sitedemo.cauction. Revelation ne fait pas exception à cette règle prescrite par le créateur. On peut subdiviser l’opus en trois parties distinctes incluant une transition chansonnière instrumentale folkisante, un peu champ gauche, titrée Second Sighting. Les six premières pièces se campent dans un registre résolument folk rock: l’excellent riff enfiévrant Van Hände Med Dem, le rock carré narcotique What You Isn’t et la cannabisante Days Weeks And Moths forment l’épine dorsale d’une première partie dite plus «conventionnelle». Par la suite, The Brian Jonestown Massacre fait bifurquer le navire vers un univers alliant astucieusement le psychédélisme et le krautrock: la cadencée Memorymix est particulièrement réussie. Dans le dernier segment, ce Revelation se conclut éloquemment avec le rock orchestral frémissant titré Goodbye (Butterfly).
Ceux qui sont en pâmoison devant le virage psychédélique lustrée du plus récent Black Keys devraient tourner les yeux vers ce salopard de Newcombe, qui dispense un rock hypnotique férocement plus authentique et senti que la version ampoulée/laquée proposée nouvellement par Auerbach, Carney et Burton. Un vétéran qui fertilise son offre sonore avec l’âge. Inaltérable.
Ma note: 7,5/10
The Brian Jonestown Massacre
Revelation
‘a’ Records
58 minutes
www.brianjonestownmassacre.com
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