Critiques

Simon Kingsbury

Pêcher rien

  • Ad Litteram
  • 2016
  • 34 minutes
7,5

Simon KingsburyJ’attendais depuis longtemps la sortie du premier album de Simon Kingsbury. J’ai vu le «Kings» sur toutes les scènes de Montréal depuis la sortie de son mini-album en 2011. L’ex-chanteur de Lac Estion a fait le tour de la scène montréalaise, a tranquillement ajouté du fuzz à sa guitare tout en gardant ses mélodies vocales uniques.

Pêcher Rien nous offre une excellente introduction dans le monde de Simon Kingsbury. Pour vous donner une idée, il se situe quelque part entre Louis-Jean Cormier pour ses chansons pop-rock, Vincent Vallières pour son côté mélancolique des débuts et Philippe Brach pour le côté plus sale de ses paroles. Kingsbury possède l’amertume de l’idéaliste romantique qui est forcément déçu par chaque relation, incapable d’atteindre l’idéal de perfection qu’il s’est dessiné dans la tête.

C’est ce côté de sa personnalité qu’il met de l’avant dans les paroles, chantant la déprime amoureuse et l’échec répété. Parfois, il se laisse aller à un peu d’espoir. Au tout début de Comme douze, il entonne: «Tu vas me croire, quand tu vas le voir/Ce que je t’ai promis, celui que j’t’ai promis/Donne-moi du temps pour faire ça en grand/Comme un grand, en attendant». C’est un peu différent avec En Hauteur: «Y’a pas dix mille façons de repérer les cons/T’avais juste à voir ma face». Mettons que le positivisme en prend pour son rhume.

Kingsbury nous offre de belles mélodies bien tournées à plusieurs occasions sur Pêcher Rien. Bonjour est un ver d’oreille qui reste un bon bout de temps dans le cerveau et qui évoquera les décors de bar à trente minutes de la fermeture. C’est à la fois beau et tragique, comme l’ensemble de ses pièces. Il y a un pathétisme qu’on a tous vécu à un moment donné ou à un autre. C’est le triste troubadour qui a tout de même assez de courage pour se lever et le dire tout haut. Comédien le démontre bien et comme premier extrait, ça donne un excellent aperçu de ce qui vous attend sur l’album.

Musicalement, Kingsbury a un petit côté sale qui n’est pas déplaisant pour les oreilles. C’est un bum au grand cœur, sa musique est accrocheuse, mais pas totalement propre. Il faut dire qu’il est bien accompagné sur ce Pêcher Rien. À la guitare on trouve Jonathan Charette (Groenland, ex-Roi Poisson), Charles Blondeau (Babylones) à la batterie, Olivier Van Tassel à la basse et George Donoso III à la réalisation (ex-The Dears, The High Dials).

C’est un excellent premier album qu’offre Simon Kingsbury avec son Pêcher Rien. Même que je suis prêt à dire qu’il pêchera sans doute quelque chose avec celui-ci. Au moins un mené en tout cas. Il possède tout ce qu’il faut pour plaire à un large éventail d’oreilles même si c’est parfois demandant parce qu’il emprunte des chemins moins «typiques» que ses contemporains. C’est plus aventureux et intéressant pour le mélomane qui aime défricher de nouvelles terres.

Ma note: 7,5/10

Simon Kingsbury
Pêcher Rien
Ad Litteram
34 minutes

https://simonkingsbury.bandcamp.com/

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