Critiques

Rosalía

El mal querer

  • Sony Music
  • 2018
  • 31 minutes
8,5
Le meilleur de lca

Rosalía est une jeune Catalane qui lançait récemment son deuxième album titré El mal querer. Album-concept autour de « le mauvais amour », celui qui se confond en conflit. Inspiré du récit anonyme occitan Flamenca, paru au 13e siècle, raconte une relation toxique. Le tout est fait dans un flamenco contemporain et actualisé qui n’a rien à voir avec les clichés du genre.

Dès les premières notes de Malamente, qui ouvre El mal querer, on comprend où s’en va Rosalía Vila Tobela. Elle mélange les mains percussives du flamenco avec des synthétiseurs éthérés foncièrement contemporains. Le tout est chanté avec un certain détachement, la jeune espagnole se permettant de commenter sa propre ligne mélodique et même envoyer quelques rires insérer entre les « très mal » répétés à maintes reprises.

Cette actualisation du flamenco se fait aussi à travers la référence. Bagdad, une magnifique pièce qui parle de bombe tombant du ciel, emprunte la mélodie vocale de Justin Timberlake sur Cry Me A River. Rosalía l’intègre de manière naturelle et si ça fait un peu sourire, rapidement, on se rend compte que les deux compositions sont très différentes.

Junta las palmas y las separa

Joignez les paumes et séparez-les

— Bagdad

Simple, mais efficace, la chanson frappe dans le mile. Idem pour Di mi nombre qui la suit. Encore une fois, Rosalía se permet un clin d’œil à la culture américaine en citant le Say My Name de Destiny’s Child. Ce qui est encore plus impressionnant, c’est sa capacité à référencer des artistes à la popularité monstre sans jamais ne trahir sa propre personnalité.

Pienso en tu mira avec ses sonorités qui se rapprochent de l’orgue et encore une fois ses claquements de mains typiques du flamenco, est d’une réussite complète. De aqui no sales sur laquelle Rosalía chante a cappela par-dessus les sonorités de voitures qui démarrent pendant une bonne minute est un peu une anti-Gazolina de Daddy Yankee. Comme si son automobile ne réussissait jamais à démarrer. De la musique anti-macho, au final.

Reniego est une performance vocale impressionnante doublée d’un air atypique et sublimement théâtral. Finalement ça se termine bien cet album? Je vous laisse en juger avec ces dernières paroles de A ningun hombre qui clôt l’album :

Voy a tatuarme en la piel
Tu inicial porque es la mía
Pa’ acordarme para siempre
De lo que me hiciste un día
De lo que me hiciste un día

Je vais me faire tatouer sur ma peau

Tes initiales pour me les approprier

Me rappeler à jamais

Et me souvenir toute ma vie

De ce que tu as fait un jour

De ce que tu as fait un jour

— A ningun hombre

 

C’est un album magnifique et l’une des œuvres musicales, tous genres confondus, les plus marquantes de 2018 que nous livre Rosalía. El mal querer se déguste facilement, que l’on parle espagnol ou non.

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