Sampha
Process
- Young Turks
- 2017
- 41 minutes
Après nous avoir fait danser en prêtant sa voix aux albums du DJ/sitedemo.caucteur britannique SBTRK, le chanteur et sitedemo.caucteur Sampha lance son premier album, Process. Attendu avec impatience, le chanteur nous propose de la soul aux accents électronique. L’album par excellence d’électro intimiste de l’année, jusqu’à présent.
La qualité la plus marquante de ce premier effort c’est la voix de Sampha. Non pas sa puissance, mais plutôt sa facilité déconcertante à nous transporter par sa vulnérabilité. C’est à partir de cette vulnérabilité que tout l’album est conçu. C’est l’anxiété du chanteur qui transparait à la première écoute, il est constamment à fleur de peau. Certains y verront peut-être une tendance mélodramatique. Personnellement, il me fait penser aux meilleures chansons pop des années 80, notamment à la pop baroque de Kate Bush. Un des meilleurs exemples de cette influence du kitsch des années 80 est Timmy’s Prayer dans laquelle la cornemuse apparaît à certains moments. Je ne pensais jamais être ému par un son de cornemuse… encore moins dans un morceau pop, mais étonnamment, ça fonctionne parfaitement.
Ce qui ressort après la voix c’est l’omniprésence du piano. Autant dans l’ambiance instrumentale que dans les paroles, les touches blanches et noires sont les outils, ou les confidents, favoris du chanteur. Quand ce n’est pas le piano droit, (No One Knows Me) Like The Piano ou Me Inside, ce sont les synthétiseurs qui sont à l’honneur dans Incomplete Kisses et What Shouldn’t I Be ? . Bien que le piano soit inévitable, des percussions dynamiques font partie intégrante de Process. La dansante et inquiétante Blood on Me rappelle d’ailleurs l’atmosphère des albums de SBTRK. Parfois en une seule pièce on passe de la danse à une musique dépouillée pour laisser place à l’intimité. Des va-et-vient qui évitent à l’album la redondance.
J’anticipe déjà la liste de fin d’année de Pitchfork, Sampha ne sera pas loin du top 10 si l’on se fit au retour en force du R’n’B des années 80 l’année dernière. Malgré que cette galette est attendue avec impatience par une myriade de magazines post-hipster du web, donnez-lui une écoute. Outre les sonorités du moment, il se trouve dans ce premier effort solo de Sampha dix mélodies chantées avec véracité qui dépasseront aisément les modes. Du moins, je suis certain que j’écouterai encore (No One Knows Me) Like The Piano longtemps après la publication de cette chronique.
Ma note: 8,5/10
Sampha
Process
Young Turks
41 minutes