Critiques

Propagandhi

Victory Lap

  • Epitaph Records
  • 2017
  • 37 minutes
8
Le meilleur de lca

J’ai découvert l’étiquette de disques Fat Wreck Chords autour de 1994. NOFX, Lagwagon, Good Riddance, Strung Out et les autres ont pour ainsi dire bercé mon adolescence. Parmi tous ces groupes qui jasaient de leur amour du café, du skate ou des réalités de la communauté punk californienne, on trouvait également le premier album de Propagandhi, seul band canadien de l’étiquette. Ces gars-là offraient un punk corsé, mais quand même pop contenant des textes-fleuves résolument gauchistes et baveux concernant le sexisme, la fierté patriotique, le capitalisme, le nazisme, le véganisme, le racisme et le revival ska des nineties, entre autres. Avec le temps, le groupe s’est radicalisé et est devenu extrême dans ses positions alors que musicalement, il s’est mis à flirter avec le hardcore et le thrash métal. Todd Kowalski, chanteur d’I Spy, est devenu le bassiste lorsque le tendre John K. Samson a cessé de se sentir à sa place aux côtés de Chris Hannah et Jord Samolesky (pour comprendre les différences, écoutez le groupe de John, les Weakerthans). Ensuite, un 2e guitariste, David « Beaver » Guillas s’est ajouté à la formation en 2006 et le groupe n’a jamais cessé de devenir toujours plus performant et efficace.

Chris, Jord et Todd reviennent enfin cette année, 5 ans après le magistral Failed States. Fait important à noter : Beaver compose encore pour le groupe, mais il a cessé de faire de la tournée en 2015. Les gars ont donc recruté Sulynn Hago, une excellente guitariste floridienne qui est la première femme à franchir les portes du boys club, au plus grand plaisir des trois autres concernés.

Sur Victory Lap, on retrouve encore cette haute voltige technique au service de chansons très efficaces. Certaines pièces (Failed Imagineer et Lower Order/A Good Laugh, entre-autres) sont les plus accrocheuses que le groupe a pondu depuis 2003 alors que d’autres sont des hybrides punk-thrash hautement addictifs (Comply/Resist et In Flagrante Delicto). Bref, c’est du Propagandhi de grande qualité avec des textes qu’il faudra impérativement décortiquer avec le temps. Rapidement, Lower Order… jase d’un voyage de chasse qui a éveillé les pulsions véganes de Chris, Tartuffe se désole de la place de la nostalgie dans le punk, Letters to A Young Anus embarque dans la catégorie anti-homophobe de leur catalogue et Adventures in Zoochosis se désole du fait que les perspectives d’avenir de l’humanité sont extrêmement glauques.

En bref, Victory Lap est une excellente 7e galette pour le groupe de Winnipeg. Les typiques brûlots hardcore chanté par Todd brillent par leur absence, mais on ne s’en désole pas trop puisque ses deux compos (When All Your Fears Collide et Nigredo) sont très bonnes et bien chantées au lieu d’être hurlées. Et puis au final, le disque est solide, bien construit et surprenant. En cette ère de déclin rapide du QI collectif, la présence de Propagandhi dans la culture est cruciale. Il faut les considérer comme un trésor national au même titre que Voïvod, Sacrifice, SNFU, le sirop d’érable pis les rocheuses.

MA NOTE: 8/10

Propagandhi
Victory Lap
Epitaph
37 minutes

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